En 2007, l’ICOM, le conseil international des musées, définit le musée comme une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son développement et ouverte au public. Elle acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation ou de délectation.
Après une longue période de déclin, les musées français connaissent de profondes mutations dans les années 60 et 70. Actuellement, dans quels contextes socio-économique et artistique évoluent les musées français et quels sont leurs objectifs et finalités ?
Dans une première approche sociologique, nous allons définir les contraintes liées à la fréquentation des musées, puis nous allons traiter de la mission sociale du musée en énumérant les moyens mis en œuvre par celui-ci pour susciter l’intérêt du public et assurer une plus grande mixité sociale et enfin nous allons montrer de quelle manière l’art tient une place éminente dans ce processus de démocratisation de la culture.
Puis, dans une seconde partie, nous allons traiter des aspects économiques à travers l’institution même du musée puis de ses objectifs et répercussions sur le tissu économique et l’image d’une ville qui varient en fonction du type de zones impliquées. En effet, après avoir vu le fonctionnement des musées dans des villes dites de tradition culturelle, nous allons voir quelles sont les spécificités des musées implantés dans des zones en crise et anciennement industrielles. 
LOUVRE LENS / SANAA
I/ APPROCHE SOCIOLOGIQUE DES MUSEES 

En 2003, plus de 55% des Français ont au moins visité un musée, une exposition ou un monument historique selon l’INSEE. La fréquentation des lieux du patrimoine apparaît ainsi en France comme la plus populaire des activités culturelles de sortie, ce dont témoigne notamment le succès des journées du patrimoine organisées chaque années à l’automne depuis 1984.
Cet engagement n’est pas propre à la France, selon des données d’une enquête Eurostat en 2001, près de la moitié des Européens avaient cette année là visité un musée, un monument historique ou un site archéologique. Ces chiffres rassemblent toutefois des pratiques hétérogènes, qui s’étendent bien au-delà du domaine des arts et de la culture savante. Le public des musées se caractérise toujours, en France comme dans d’autres pays européens, par un niveau d’éducation très nettement supérieur à la moyenne, par une forte surreprésentation des classes supérieures, et une sous représentation des classes populaires. 

A/ LES CONTRAINTES SOCIOLOGIQUES 

1/ LES FACTEURS SOCIAUX DE LA FREQUENTATION DES MUSÉES 
On peut noter que la fréquentation des musées se différencie selon les sexes, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle et le revenu du ménage des individus.
En effet, les femmes sont plus nombreuses dans les musées d’art classique ou contemporain que les hommes. Les personnes de 40 à 49 ans sont les plus nombreuses à visiter les musées et ceux qui les visitent le moins ont entre 25 et 29 ans et 50 et plus.
De plus, nous pouvons les classer par catégories socioprofessionnelles selon un ordre décroissant. Les individus possédant le Bac+2 ou plus sont les plus nombreux à fréquenter des musées tandis que les agriculteurs, ouvriers, chômeurs et inactifs sont les moins nombreux, d’après l’INSEE. Pour vérifier ces dires, nous avons effectué une enquête sociologique. Utilisant la méthode du sondage, nous avons questionné des individus sur leur fréquence de fréquentation du musée sur un an. Notre conclusion a été relativement la même que celle de l’INSEE, confirmant ainsi que les catégories socioprofessionnelles ayant un niveau d’études élevé, comme les cadres par exemple, sont plus nombreux (76% pour l’INSEE et 69% pour notre enquête) à aller au musée que les ouvriers (ils sont 64% de moins que les cadres à les visiter selon l’INSEE et, sur notre propre échantillon d’ouvriers, aucun n’est allé au musée pendant une année). « Si vous allez au musée, disent Pierre Bourdieu* et Alain Darbel*, au terme d’une enquête sérieuse, c’est parce que vous êtes allé à l’école. Si vous allez souvent au musée, c’est parce que vous êtes allé longtemps à l’école». Les revenus des ménages, qui sont liés aux catégories socioprofessionnelles sont aussi indicatifs : les personnes possédant plus de 37 000€ par an sont les plus nombreux à effectuer des visites au musée, viennent ensuite les personnes possédant un revenu de 23 000 à 27 000€ par an, et les moins nombreux sont les populations ayant entre 18 000 et 23 000€ par an et 12 000 à 15 000€ par an.  La statistique révèle que l'accès aux œuvres culturelles et donc la fréquentation des musées est le privilège de la classe cultivée. La fréquentation des musées est en effet croissante quand le niveau d’instruction augmente. Le tourisme favorise une intensification de la pratique culturelle ; or le tourisme, statistiquement lié au niveau d’instruction, réactive chez les individus le sentiment d’appartenir à une classe cultivée. 
On en vient donc à invoquer l'inégalité des besoins culturels entre les individus. Il n'en est rien. La possibilité réelle qu'ont les individus de profiter des musées dépend de leur place sur l'échelle sociale. L'attitude du spectateur vis à vis des œuvres (sa capacité à les appréhender ou à les comprendre), tout d'abord, dépend de son instruction, de même que le temps qu'il passera effectivement dans le musée. Ecole et famille sont les deux instances de socialisation* propres à ces facultés d'appréhension. Une œuvre sera ainsi interprétée différemment en fonction de l'appartenance sociale, les classes populaires se sentant parfois incompétentes quand les classes cultivées souhaiteront, par sentiment aristocratique, rendre plus difficile encore l'accès aux œuvres. Ce sentiment passera sous couvert de l'idéologie du don naturel. Les visiteurs des classes populaires seront ainsi plus portés vers les musées d'objets historiques ou folkloriques, plus abordables et moins élitistes. La démarche de sociologues tels que Pierre Bourdieu et Alain Darbel vient ici s'opposer à l'idéologie charismatique qui pose l'expérience de l'œuvre d'art comme "affection" du cœur. Dans l’ouvrage « l’amour de l’art », ces deux sociologues mettent en évidence les conditions sociales de l’accès à la pratique culturelle. Il fait voir que la culture n’est pas un privilège de nature mais qu’il faudrait et qu’il suffirait que tous possèdent les moyens d’en prendre possession pour qu’elle appartienne à tous. Le moral des ménages pèse aussi sur l’envie de sortir des français. On note que la tendance s’accentue depuis plusieurs mois. Avec la crise, 80% des français envisagent de réduire leurs dépenses de loisirs d’après un sondage mené par Ipsos/Logica. L’an dernier, ils étaient déjà 29% à dépenser moins pour leurs sorties, selon l’observatoire des Loisirs PMU TNS Sofres. Depuis 2009, les gens ont tendance à s’inviter davantage les uns les autres, par souci d’économie. Ils s’investissent aussi d’avantage dans les activités d’intérieur, comme la décoration, le bricolage, ou le jardinage. Les chiffres reflètent une baisse de la fréquentation des musées, théâtres ou parcs d’attractions. Le cinéma, monde d’évasion, s’est globalement maintenu. Cependant il n’y a pas d’effondrement culturel au niveau des sorties. Les gens continuent à sortir, à se cultiver, car c’est pour eux une habitude et un mode de vie à garder, mais ils ont réduit leur fréquence de visite. 

2/ LA DEMOCRATISATION DE LA CULTURE ET SES LIMITES 
Le ministère français des affaires culturelles, crée en 1959, a pour but de « rendre accessible au plus grand nombre les œuvres capitales de l’humanité et d’abord de la France », plaçant ici d’emblée la question du public au cœur d’une politique culturelle. Les pouvoirs publics ont donc agis pour une « démocratisation de la culture », sous la direction de l’écrivain André Malraux, nommé par le général de Gaulle. Pour Malraux, qui veut faire accéder tous les citoyens aux œuvres de la culture, seul l’art à la vertu de rassembler dans le cadre d’une société dominée par le rationalisme. Le 13 mars 1966, lors de l’inauguration de la Maison de la culture d’Amiens, Malraux concluait son discours par l’apostrophe : « Et, si vous le voulez, je vous dis que vous tentez une des plus belles choses qu’on ait tentées en France, parce qu’alors, avant dix ans, ce mot hideux de Province aura cessé d’exister en France ». Dix ans plus tard, la « province » avait cessé d’être un « désert culturel », comme il en faisait le pari. En revanche, l’élargissement sociologique des publics de l’art est loin d’être réalisé. Le ministère des Affaires culturelles demeure fragile. Il se construit dans un contexte difficile marqué par la faiblesse du budget et la lutte permanente contre les ministères des Finances et de l’Education nationale et une forte instabilité ministérielle dans les années 1970. En effet, en 1971, le rapport enregistre l’échec de la démocratisation culturelle. Cependant, après les législatives de 1993 gagnées par la droite, le nouveau ministre Jacques Toubon refonde la politique culturelle en affichant une priorité qui est celle de plus sensibiliser tous les publics à la culture en augmentant l’action culturelle de la France. 


PIERRE BOURDIEU
ANDRE MALRAUX
Premièrement, la place des disciplines artistiques à l’école occupent une place plus importante qu’auparavant. De nouveaux programmes sont crées et des contrats sont mis en place en partenariat avec l’Education Nationale, proposant par exemple aux enfants des visites aux musées en dehors du temps scolaire. Parallèlement, des espaces sont consacrés à des expositions culturelles et un enseignement théorique et pratique sur les images fixes (peinture, photos...) et sur les images animées a été mis en place dans les écoles primaires. Ensuite, une politique des publics, mise en œuvre par le ministère de la Culture et la Direction des Musées de France, vise à élargir les publics. Pour cela, des médiateurs chargés des actions éducatives et culturelles sont formés et des dispositifs d’évaluation sont proposés pour une meilleure connaissance des publics. Des activités pédagogiques destinées au public scolaire s’accompagnent aujourd’hui d’actions qui visent autant les adultes que les jeunes en dehors du temps scolaire. Ces actions destinées aux catégories socioprofessionnelles les plus défavorisées sont menées dans les quartiers et dans les ZEP*, avec des lycées professionnels et des associations d’immigrés, souvent en partenariat avec les acteurs sociaux. 
De plus, dans une perspective de meilleure diffusion sociale de la culture, le Ministère met en place des aides personnalisée en fonction de la situation économique et sociale des personnes concernées. On assiste à un développement des « chèques vacances », utilisables dans 4 000 lieux culturels dont 701 musées et 15 centres d’art contemporain. En 1998, 4 millions de Français ont utilisé le chèque vacance et 400 000 d’entre eux ont accédé à un lieu culturel par ce moyen de paiement. Les comités d’entreprise sont également un type de public nouveau pour les services culturels de musées et le développement d’un partenariat avec ceux-ci favorisent l’accès aux expositions à un plus grand nombre. A noter que la Direction des Musées de France a mis en place une politique d’accessibilité physique pour les handicapés moteurs dans les musées en rénovation ou en création. Enfin, dans le cadre de conventions et protocoles d’accords interministériels, les musées sont incités à développer des partenariats divers. Par exemple, la convention culture/agriculture vise a « favoriser la création, la diffusion et la pratique culturelle et artistique en milieu rural et à donner aux populations rurales un moyen [...] de profiter de leur patrimoine naturel et culturel ». La circulaire entre le ministère 
de la justice et de la culture vise au développement des services éducatifs des prisons. La convention entre le ministère de la culture et le secrétariat d’état à la santé exprime la volonté de « rendre l’hôpital plus humain [...] par la mise en place de projets culturels dans les hôpitaux par le biais de jumelage entre les différentes institutions culturelles », et notamment les musées. Enfin, la charte d’objectifs Culture et Education Populaire vise à « développer des projets et des actions artistiques et culturelles diversifiées en lien étroit avec la population et plus particulièrement avec les jeunes ». Plus récemment, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, invita 400 bénéficiaires d’associations caritatives, comme Emmaüs, les Restos du Cœur et le Secours Populaire, à des visites commentées de grandes expositions parisiennes dont celles de Dali et Hopper. En invitant les plus démunis au musée, elle a souligné que « la culture est un vecteur de lutte contre les inégalités » en nommant cette opération « musées populaires, musées solidaires ».
La démocratisation de la culture demeure cependant un problème tenace, alors que les musées et autres lieux de vie culturelle se multiplient. Les inégalités, aujourd’hui encore, empêchent le plus grand nombre d’accéder à la culture. « La culture n’est pas un luxe, c’est une nécessité » nous rappelle Gao Xingjian, artiste chinois ayant eu le prix Nobel de littérature en 2000.
Le mouvement continu d’équipement des ménages en appareils audiovisuels, depuis l’arrivée de la télévision jusqu’à l’internet haut débit, fait qu’aujourd’hui, la plupart de nos pratiques de consommations culturelles se déroulent au sein de nos pratiques domestiques et c’est un phénomène que l’on appelle « culture à domicile » qui va freiner les visites muséales. La politique culturelle peine à prendre en compte cette réalité car elle a toujours été pensée presque exclusivement par rapport aux équipements culturels : depuis la création des musées nationaux jusqu’à la politique des années 80, l’objectif a toujours été, quelle que soit la conception de la culture, de travailler à l’extension d’un espace public.
C’est ce qu’on appelle un « soutien à la diversité culturelle » qui se développe de nos jours, prenant en compte la mondialisation, et qui exprime la volonté de favoriser l’accès à la culture au sein d’une société multiculturelle. C’est un véritable défi pour un ministère fort d’un passé assumé, d’une administration étoffée, et dont l’action est maintenant mieux répartie sur l’ensemble du territoire. 
B/ UNE DIVERSITE DE MOYENS MIS OEUVRE POUR ATTIRER UN VASTE PUBLIC 

1/ LA GRATUITÉ ET LES OFFRES 

LA GRATUITÉ
Depuis 2011, les collections permanentes des musées qui dépendent de la ville de Paris sont en accès gratuit. Selon le principe des vases communicants, les visiteurs devraient alors franchir plus facilement les portes des expositions qui, elles, restent payantes. C’est en tout cas le pari qu’ont tenté ces institutions. En 2006, tous ces établissements parisiens ont connu une augmentation générale de leur fréquentation, mais de manière inégale. On constate que la gratuité, loin d’être un critère décisif de visite, n’est qu’un élément parmi d’autres. 

LES AUTRES OFFRES
Les musées français sont loin d’appliquer tous les mêmes tarifs. Cela varie en fonction des musées publics, privés, dépendant de l’Etat ou des collectivités territoriales. D’autres facteurs entrent également en compte : date, heure de la journée, jour de la semaine, âge du visiteur, catégorie socioprofessionnelle, etc. le billet moyen d’un musée public accueillant moins de 2 000 visiteurs par an est de 2,8 €, celui des musées publics accueillants plus de 50 000 visiteurs par an est de 5 €, et quant aux grands musées nationaux, il est de 10 €. Celui des musées privés peut même aller jusqu’à 30 €. Cependant, des offres sont proposées par les musées pour faciliter l’accès à l’art à un plus grand public. Ainsi, les musées nationaux ouvrent leurs portes gratuitement chaque premier dimanche du mois. D’après notre enquête, la majorité des individus interrogés connaissent l’existence de cette offre mais n’en profitent pas. Le quai Branly, qui fait partie de musées nationaux parisiens, propose aussi des offres pour les enseignants, les enfants et les familles, les jeunes et étudiants, les groupes, les professionnels et associations, les touristes étrangers et les visiteurs handicapés. De plus, il fait bénéficier à ses adhérents de certains avantages comme un accès coupe-file au musée, deux soirées événementielles par an, un accès à la médiathèque ou encore des concerts gratuits.
Depuis avril 2009, les collections permanentes des musées nationaux sont gratuites pour les moins de 26 ans en provenance de l’Union Européenne, ce qui permet aux jeunes d’accéder à la culture et de découvrir d’importantes institutions parisiennes. 
2/ EVENEMENTS ET AUTRES DISPOSITIONS
Eliminer le mot « Musée » comme à Dunkerque où celui-ci est devenu LAAC (lieu d’art et d’action contemporaine) est un moyen pour attirer un public qui aurait « peur » du mot musée.
Les journées du patrimoine ont été crées en 1984 et sont organisées annuellement par le ministère de la Culture et de la Communication en partenariat avec la direction générale des patrimoines, elles sont mises en œuvre par les directions régionales des Affaires culturelles. Cet événement permet aux individus de visiter des édifices publics et privés (qui sont souvent des musées) qui ouvrent exceptionnellement leurs portes permettant de dévoiler des collections « secrètes ». Le but est de susciter l’intérêt d’un public attiré par la gratuité mais aussi par des manifestations qui sont proposées dans le cadre de cet événement comme des visites guidées, concerts ou encore circuits à thème. Des jeux-concours sont même organisés comme dans la ville de Chambord par exemple. Avec plus de 12 millions de visiteurs en 2012, cet événement, qui permet de découvrir des lieux aussi bien inconnus qu’incontournables, connaît de plus en plus de succès au fur et à mesure de son évolution dans le temps.
Le concept de musée mobile est en train de prendre de l’ampleur dernièrement. Le premier du genre est MuMo, musée d’art contemporain pour les enfants imaginé en 2010. A l’intérieur d’un container aménagé à cet effet et réalisé par un architecte, une vingtaine d’artistes internationaux de renommée mondiale interviennent pour explorer la thématique sociale du « Vivre ensemble » et l’accès des enfants à la culture. Ce musée mobile parcourra la France, le Cameroun, le Bénin et le Sénégal, entre autres. Un autre musée itinérant, cette fois ci venant d’une idée du créateur et directeur artistique de Chanel Karl Lagerfeld, à été construit à l’initiative de la célèbre maison de haute-couture française. Il contient dans ses 128m2 une vingtaine d’installation et œuvres d’art réalisées par des artistes comme Daniel Buren, Nobuyoshi Araki ou encore Yoko Ono. 
La Nuit des musées, crée en 2005 par le Conseil de l’Europe et l’Unesco dans une volonté de
démocratisation et d’ouverture à tous, permet aux musées participants d'ouvrir leurs portes à
une heure insolite.
Ce rendez-vous est l'occasion unique, pour de nouveaux publics,
notamment les jeunes, de découvrir le temps d'une soirée, la richesse et la diversité des
musées, le tout gratuitement. A la fois lieux d'expositionou espaces d'animations,
certains musées deviennent des scènes de rencontres, de spectacles, de lectures, d'ateliers en
famille... Ainsi, durant la huitième édition en 2012, c’est plus de 3 000 établissements culturels
dont 1 200 en France qui ont ouvert. La France représente donc ici un des piliers de
l’opération. En 2011, quelque 2 millions de personnes avaient afflué à la Nuit des Musées dans
l’Hexagone. Par exemple,
le Centre Pompidou a ouvert ses portes gratuitement à l’occasion de la cinquième édition de la Nuit des musées. Des visites thématiques et expositions en libre accès ont été proposées jusqu’à 1h du matin. Cet ensemble de manifestations festives, gratuites et conviviales se produisant partout en Europe visent donc à « attirer un public qui ne vient pas habituellement au musée », comme le souligne Philippe Belaval, directeur général des patrimoines au ministère de la Culture. De plus, il ajoute que « l’ouverture en nocturne permet de briser le caractère intimidant du musée ressenti par certains publics ». Ainsi, un service de navettes entre le musée Rodin et le musée d’art et d’histoire a été installé à Meudon en Hauts-de-Seine. A Mulhouse, un grand jeu de piste faisant le circuit des musées de la ville a attiré quelque 20 000 personnes, dont 70% de jeunes. A Lille, le public est invité par le Palais des Beaux-arts à participer à une œuvre collective en apportant ses livres : les ouvrages ont été utilisés pour la construction d’une Tour de Babel, en cours de réalisation par l’artiste
Jakob Gautel, dans le cadre d’une exposition sur Babel. 

LA TOUR DE BABEL DE BRUEGEL. 
(VIENNE).
Considéré avec Van Eyck, Bosch et Ruben comme une des quatre grandes figures de la peinture flamande, Pieter Bruegel l’Ancien peint la figure biblique qu’est la tour de Babel vers 1563. Si le dessin architectural est très précis, il n’en reste pas moins absurde. La peinture est censée représenter les dangers de l’orgueil humain mais aussi l’échec de la rationalité face au divin. Elle est ici symbole de la démesure et de la persécution et témoigne ainsi des maux de son temps. 

LA TOUR DE BABEL DE GAUTEL
3/ LE NUMERIQUE
Auparavant gadgets technologiques, les outils multimédias ont transformé le rapport des musées à leur public. Sites, applications et réseaux sociaux permettent aujourd’hui au visiteur de préparer, d’enrichir et de prolonger son expérience devant les œuvres d’art. Leurs objectifs sont de préserver les collections, favoriser la recherche et donner un accès plus large. Pour un public curieux, c’est dès lors la possibilité de voir des œuvres rares ou peu accessibles. Cette numérisation massive, et en très haute définition, a eu pour effet de modifier profondément notre expérience de l’art. 

Les pages provenant du réseau social Facebook semblent être un bon moyen pour susciter l’intérêt d’un « eVisiteur ». En effet, ce réseau social à franchi la barre du milliard d’utilisateurs actifs le 4 octobre 2012 et les chiffres ci-après nous montrent l’implication des musées de Paris et de ses environs dans le réseau social par le nombre de fans, et le nombre de membres qui en parlent. Par le biais de Facebook, le musée incite l’utilisateur à aimer, partager ou commenter des informations publiées sous formes de photos, textes, articles ou vidéos. Le potentiel visiteur est amené à participer, créant ainsi une relation entre lui et l’institution. Certains musées franchissent même la barrière virtuelle, en invitant ces « fans » à des soirées qui leur sont réservées. C’est alors l’occasion pour les internautes de découvrir le musée peut- être pour la première fois et dans des conditions souvent privilégiées (animations, visites guidées, cocktail...). La première soirée du genre a eu lieu au Musée des Arts de Paris en 2010.
Elles se sont depuis multipliées, comme au Louvre ou au Musée Eugène Delacroix à Paris. 

Le réseau social Twitter a dépassé les 5 millions d’utilisateurs actifs français. On peut donc le considérer comme un réseau important et influant en France. Ainsi, une forte mobilisation s’est faite sentir notamment durant la 7e édition de la Nuit des musées, où le hashtag* #ndm11 a été beaucoup diffusé. Nous pouvons ici prouver cette affirmation grâce à ces graphiques : 
La chronologie des tweets montre l’évolution du nombre de messages au cours du temps, par tranche de 10 minutes à une heure. Le graphique des mentions illustre l’activité en réseau de Twitter avec les comptes qui citent les noms d’autres comptes ou la copie d’un tweet. On peut ainsi distinguer les institutions les plus actives pendant cette Nuit des musées 2011 et les connexions virtuelles dans la capitale. Enfin, le dernier graphique reprend les tags les plus utilisés durant l’évènement et représente un nuage de mots-clés. Sur le podium, l’hashtag #ndm11 est présent dans les mieux classés. De plus, des musées comme le Musée du Quai Branly, le Musée du Louvre, le Musée d’Orsay, le Muséum de Lille ou encore le Musée des Beaux-arts de Nantes possèdent un compte Twitter. Concernant le contenu publié sur le réseau, il prend différentes formes : des informations concernant les expositions, les activités du musée ou bien des jeux mettant à contribution les membres du réseau.
Récemment on a pu voir se multiplier des initiatives pour mettre en valeur les musées sur Twitter. Le 1er février est même devenu le jour du musée sur Twitter. L’opération #followamuseum est régulièrement alimentée et permet de découvrir chaque jour un nouveau musée. Quatre musées déjà bien implantés dans les réseaux sociaux, le Museum de Toulouse, les Abattoirs, le Musée des Beaux-arts de Lyon et le Château de Versailles ont même collaboré pour créer une opération visant à partager le programme et les bons plans du musée pendant la Nuit des musées et de faire vivre ainsi en direct cet événement sur Twitter. 
Google Art Project est une plateforme dédiée aux visites de 46 institutions en ligne lancée en février 2011 et avec grand bruit par Google. Ainsi, Google pousse encore plus loin le rêve d’amener chez chaque internaute les plus grands musées du monde, mais sans pour autant restituer l’émotion d’une visite.
Il existe aussi un réseau de partage entièrement dédié à l’art s’intitulant Artfinder qui permet d’échanger et d’alimenter le site de coups de cœur artistiques, de bons plans culturels ou d’avis sur diverses expositions. 
Le Grand Palais, monument parisien qui abrite depuis 1964, à la demande d’André Malraux, les Galeries nationales, propose une visite virtuelle en 3D sur son nouveau site internet. Cette visite est l’aboutissement d’un grand projet de restauration et de mise en valeur du monument commencé en 2007. Le Grand Palais a été aménagé et rénové afin d’accueillir le public dans de bonnes conditions, de promouvoir les manifestations et évènements culturels et ainsi d’accroître le rayonnement culturel de cette institution. Ce bâtiment historique de Paris a été édifié pour l’exposition universelle de 1900 et est « consacré par la République à la gloire de l’art français », comme l’indique l’un de ses frontons. Tous ses espaces sont maintenant accessibles aux internautes et leur permet de découvrir des aspects méconnus du monument d’une façon moderne. Les équipes du projet sont très fiers de ce projet aux particularités architecturales importantes : « Travailler pour le Grand Palais, c’est très valorisant. Il y avait artistiquement et techniquement un défi qui nous poussait tous à nous dépasser. Au final, on est ici à la pointe de ce qui peut se faire actuellement sur le web en combinant vidéo et 3D ». 
Le musée d’Orsay propose une application mobile permettant de recevoir des infos pratiques, un aperçu des collections et d’être tenu au courant des évènements majeurs. Mais ce n’est pas le seul. De plus en plus de musées accèdent à ces applications, qui permettent de diffuser des éléments importants concernant le musée à un plus grand nombre de personnes. Effectivement, 3 personnes sur 4 dans le monde ont un accès à la téléphonie mobile. Ainsi, le Grand Palais propose une application Hopper pour iPad et iPhone, un e-album d’une exposition de Léonard de Vinci ou encore de Picasso, Matisse ou Cézanne... Le musée national du Moyen-âge de Paris, le musée national Marc Chagall de Nice ou encore le musée de la maison Bonaparte à Ajaccio ont ainsi pu satisfaire leurs publics par voie numérique. 

Zoom sur l’application « Les Nymphéas de Monet – augmenté »
Lancée à l’occasion de l’exposition Claude Monet, 1840-1926 aux Galeries nationales du Grand Palais de Paris, la Réunion des musées nationaux et les éditions Artlys lancent cette application qui permet aussi bien aux admirateurs de Monet et de l’impressionnisme qu’aux non-initiés de découvrir et s’immerger dans l’œuvre testament de l’artiste en utilisant un moyen interactif et multimédia qu’est leur iPad ou iPhone. Les huit panneaux des Nymphéas sont reproduits en de nombreux détails, enrichis d’œuvres d’autres musées, de photographies et documents d’archives, accessibles depuis un mur d’images avec possibilité de zoomer avec deux doigts sur chaque reproduction dans une qualité exceptionnelle, chose qu’un musée ne pourrait pas offrir, du fait de l’éventuelle interdiction d’approcher l’œuvre de trop près. L’utilisateur de cette application peut aussi accéder au texte de chaque commentaire qu’il peut lire et écouter. Cette approche totalement nouvelle et révolutionnaire nous permet ici de nous pencher sur cette œuvre notoire.
Monet peint les Nymphéas, 300 tableaux dont plus de 40 panneaux décoratifs de grand format, de 1889 jusqu’à la fin de sa vie, en plein air, face à la nature, à Giverny. Les nymphéas constituent la source même de son inspiration. Ils condensent les thèmes comme le réel, la poésie, la lumière, la couleur, le sens du détail, la transparence, les reflets du ciel à la surface de l’eau. Grâce à la technique de l’impressionnisme, Monet efface la limite entre la réalité et l’illusion. « En regardant l’étang vous y constatiez, comme en un microcosme, l’existence des éléments et l’instabilité de l’univers qui se transforme, à chaque minute, sous notre regard », déclara Claude Monet. En effet, les impressionnistes, parmi lesquels se trouvent Pissarro, Manet, Degas, Sisley ou encore Renoir, cherchent à reproduire une sensation immédiate en captant l’impression fugitive d’une scène. C’est pour cela que Monet peindra autant de toiles, les nénuphars se modifiaient au fil de la journée, selon la luminosité. Pour représenter ces couleurs, les impressionnistes les décomposent. La fragmentation des coups de pinceaux suggère les formes et les volumes. On ne voit plus le modèle, mais on l’imagine. De même, ils utilisent exclusivement des couleurs primaires (rouge, bleu et jaune) et leurs complémentaires (orange, violet et vert). Ainsi, grâce à son cycle des Nymphéas, Monet cherche à nous communiquer cette communion physique et mentale avec les éléments de la nature qui se modifie perpétuellement. 
CLAUDE MONET
C/ L'ART COMME OUTIL DE SENSIBILISATION 

1/ LES EFFETS BENEFIQUES DE L'ART 
La relation avec un objet d’art est une aventure individuelle qui peut provoquer des effets physiques inattendus. Comme on peut être en transe après un concert, la vision répétée des chefs-d’œuvre peut nous mettre dans un état d’exaltation. C’est le syndrome de Stendhal*, appelé ainsi car l’écrivain a été le premier à le décrire en sortant de la basilique Santa Croce, à Florence : « J’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber ». Sans atteindre ces extrêmes, peintures et sculptures peuvent provoquer des effets physiques étonnants.
Au-delà de l’événementiel, les visiteurs cherchent surtout une rencontre avec d’autres mondes, qui les fera sortir de leur quotidien et voir le réel différemment. L’effet bénéfique apaisant, mais aussi stimulant des sensations esthétiques sur le cerveau, chacun a pu l’expérimenter et les neurones l’ont constaté. Mieux encore, les arts plastiques nous font voyager physiquement. Si on se laisse prendre, l’art nous transporte dans un ailleurs qui peut être euphorisant, mais aussi troublant. Le cadre contribue à la mise en condition du visiteur. Après avoir passé le seuil du musée, souvent aussi impressionnant qu’un lieu saint, on entre dans un univers de silence. Dans ce monde calfeutré et hors du temps, l’esprit est plus apte à vagabonder et les pensées intimes à surgir. On se trouve dans un état d’esprit disponible, entre rêve et réalité, un peu comme un réveil ; dans cet état second peut surgir la part la plus profonde de nous-mêmes pour libérer notre mémoire et notre imaginaire.
André Malraux aimait parler de la notion de rencontre. Pour lui, une exposition est ce qui rend possible la convergence et le partage de « l’héritage ». La mission culturelle est donc de susciter ces rencontres. Malraux qualifiait même de « cathédrales » les lieux de la communion avec l’art. De plus, il nous met en garde sur la façon dont les individus conçoivent des loisirs sans culture, c’est-à-dire sans imaginaire. La politique de Malraux consistera à permettre la rencontre, à créer les conditions de son existence. 
MUSEE D'ART DE NANTES, INSTALLATION FRITSCHER 
2/ L'ARCHITECTURE DU MUSÉE
En prenant l’exemple du Centre Pompidou-Metz et en tenant compte des propos des architectes Shigeru Ban, nous pouvons effectivement noter que l’aspect architectural d’un musée est un facteur important de fréquentation.
Le centre est pourvu de larges baies vitrées, qui sont donc très visibles et qui laissent deviner de belles ouvertures sur des jardins privatifs. Un aspect majestueux est ici rajouté par l’imposante toiture translucide qui recouvre le forum, lieu d’accueil pour des réceptions exceptionnelles. Une acoustique exceptionnelle dans l’auditorium Wendel due au plafond spécialement conçu pour le musée en forme de vagues harmonieuses permet aux visiteurs de jouir d’un véritable confort. La salle de conférence est également équipée d’un mobilier au design moderne et confortable. Le bâtiment est donc ressenti comme accueillant, d’autant plus que sa toiture constitue un canopée en débordant largement pour protéger le bâtiment. On peut effectivement d’y réfugier et s’y sentir à l’abri. Généralement, les usuels murs blancs des musées font peur aux néophytes* alors qu’ici, au centre Pompidou-Metz, on y trouve de multiples ouvertures vers l’extérieur.
Les architectes arrivent donc ici à répondre au cahier des charges tout en amenant une esthétique complètement contemporaine, presque une sculpture. Le but était de créer trois espaces d’exposition offrant le plus de cimaises* possibles. Il a donc été décidé d’orienter 3 galeries selon un axe permettant de cibler une vue majeure sur la ville de Metz, comme dans une veduta, une peinture dans la langue italienne représentant un paysage panoramique de manière très détaillée. Ainsi, les galeries cernent la cathédrale, la gare, célèbre pour son architecture prussienne, et la ville gothique au loin. De plus, on apprend au fil d’un entretien avec les architectes, que la toiture en bois, constitué de 18 kilomètres de poutres en lamellé- collé (bois quasi inépuisable et parfaitement recyclable) est constituée d’une trame hexagonale répétée ce qui représente un symbole de la France.
Le musée Pompidou de Metz est ainsi un lieu de vie, et non un lieu où l’on aurait peur de la porte. Ce bâtiment est un véritable ouvrage d’art, l’architecte l’a voulu avec de grands espaces sans obstacles obstruant la vue et doté de plus d’une performance hors nomes. La visite au musée Pompidou est ainsi marquée dans l’esprit du visiteur. 


3/ DE GRANDES EXPOSITIONS
Des expositions suscitant l’intérêt chez le plus de personnes possible est un véritable défi pour les musées. En utilisant des artistes incontournables tels que Léonard de Vinci, Raphaël, Matisse, Dali ou encore Degas, les trois plus grands musées parisiens (Orsay, le Louvre et le Centre Pompidou) ont battu des records de fréquentation. De plus, cet engouement pour les expositions temporaires profite par ricochet aux collections permanentes, ce qui va permettre à des individus venant exceptionnellement au musée de découvrir d’autres œuvres, cette fois ci moins connues.
« Les grandes expositions sont clairement des locomotives » confirme le ministère de la Culture, qui annonce pour 2012 des résultats encore meilleurs que pour 2011. En effet, les musées nationaux ont enregistré 13,4 millions de visites pour le premier trimestre et 682 000 pour les Galeries nationales du Grand Palais, en augmentation de 10%. Un an auparavant, la fréquentation surpassait déjà de 7% celle de 2010.
Au Grand Palais, l’exposition Edward Hopper a accueilli près de 478 000 visiteurs depuis le 10 octobre 2012, soit près de 7 000 visiteurs par jour. Un tel succès a même provoqué le prolongement de l’exposition (initialement prévue jusqu’au 28 janvier) au 3 février 2013 et une ouverture 24 heures sur 24 les trois derniers jours. 
La peinture de l’américain Edward Hopper est comme une photographie. Grâce aux sujets, aux cadrages et à la lumière, il arrive à figer le temps, à capter des moments fugitifs et même des émotions. Architectures, portraits, profondeur de champ, travail de la couleur, composition, l’art de Hopper a en effet été influencé par les photographes avant d’inspirer, à son tour, cinéastes et photographes. Illustrateur commercial, il fut même amené à travailler à partir de photographies. De plus, chez Hopper, le caractère instantané des scènes
s’accompagne d’une impression de silence, qui a peut-être un lieu avec le sévère problème d’audition dont souffraient l’artiste et sa préférence pour des lieux de solitude. Saisir l’instant est la tentative d’exprimer la vie même. Dans une déclaration pour le magazine Reality en 1953, le peintre écrit : « Le grand art est l’expression extériorisée de la vie intérieure de
l’artiste, et de cette vie intérieure résulte sa vision personnelle du monde... La vie intérieure d’un être humain est un royaume vaste et divers, que ne concernent pas seulement des agencements stimulants de couleurs, de formes et de dessins. Le terme « vie » tel qu’on l’utilise en art ne doit pas être méprisé, car il implique toute l’existence, et le domaine de l’art consiste à y réagir et non pas à l’esquiver... »
Plus globalement, les chiffres 2012 rendus publics par les trois plus grands musées parisiens enregistrent des records. Il y eu 10 millions de visiteurs au le Louvre, ce qui représente un million de plus qu’en 2011, plus de 3,8 millions de visiteurs au Centre Pompidou, en augmentation de près de 6% et 3,6 millions de visiteurs pour le musée d’Orsay, chiffre en hausse de 15% par rapport à 2011 et qui représente sa meilleure fréquentation depuis 25 ans.
L’exposition du Louvre autour de la « Sainte Anne » de Léonard de Vinci, fraîchement restaurée, a accueilli 305 000 visiteurs au printemps 2012. Cette « Sainte Anne » a été depuis transférée au Louvre-Lens pour son ouverture en tant que véritable pièce maîtresse du musée. Elle est effectivement pour le Louvre-Lens un des tremplins de son ouverture en province.
Léonard de Vinci a mis plus de 20 ans pour réaliser ce tableau. Il a d’abord réalisé plusieurs essais, des cartons, avant de le peindre. Il ne cessa de perfectionner des détails et il laissa inachevé son œuvre en 1519. Dans la partie supérieure du tableau, Vinci a représenté la Sainte-Anne, sa fille Marie et son petit fils Jésus accompagné d’une brebis. Il a réalisé une esquisse qui lui plaisait suffisamment pour en faire un grand dessin à l’échelle de la peinture. Après plusieurs cartons réalisés, il ira à l’exécution de sa peinture. Pour la réalisation, Léonard de Vinci a utilisé un support de bois qu’il a recouvert d’une couche de couleur blanc crème, puis il a perforé des petits trous autour des figures sur son carton, les a ensuite reportés sur son support en bois et a passé de la pierre noire dans les petits trous afin de pouvoir poser les couleurs. 
L’artiste a donc mis plus de 20 ans à réaliser ce tableau, et au fil du temps, il a perfectionné chaque détail comme les coiffures ou les drapées.
Avant d’être transférée au Louvre-Lens, cette œuvre a fait l’objet d’une restauration de deux ans. La couche de vernis sur le tableau s’était oxydée, ce qui avait donné
une teinte jaune à l’ensemble de l’œuvre. Les repeints* devenaient plus visibles. Vincent Pomarède, conservateur en chef du département des peintures du musée du Louvre, a donc décidé d’entamer un long travail de restauration, accompagné par une équipe compétente. En effet, la restauration de l’un des chefs d’œuvre du maître italien de la Renaissance relevait de l’exploit et a déclenché une vive polémique à cause des risques que ce projet représentait. Une tentative avait déjà été abandonnée en 1990 mais l’état du tableau nécessitait une restauration. De plus, les progrès techniques récents ont permis d’enlever correctement le vernis. Le budget de la restauration s’est élevé au total à 250 000 euros, ce qui représente un coût classique pour un tableau de cette taille.
On peut comparer ce lancement prestigieux de la part du Louvre-Lens avec celui du centre Pompidou-Metz en 2010. Son exposition inaugurale comptait de grands noms tels que Georges Braque, Henri Matisse ou encore Marcel Duchamps et des artistes plus contemporains comme Ben (Benjamin Vautier). Cette exposition a utilisé tout l’espace du musée, occupant plus de 5 000 m2. Plus tard, le centre Pompidou-Metz avait aussi utilisé le tableau « Parade » de Pablo Picasso, son œuvre phare et aussi sa plus grande œuvre jamais réalisée, mesurant 17 sur 11 mètres. Ce rideau n’avait pas été exposé en France depuis 20 ans. Cette toile monumentale représente une scène théâtrale entourée de lourdes tentures rouges s’ouvrant sur une fête et un banquet auxquels prennent part sept personnages : deux pierrots arlequinés, un homme en costume de marin, un autre en tenue de picador espagnol, deux femmes et un serviteur noir. 
Cette œuvre a été montée dans le cadre de l’exposition « 1917 », évènement questionnant la création artistique en temps de guerre. Ce thème de la guerre est notamment présent dans d’autres œuvres de Picasso, dont « Guernica » et « Massacre en Corée ».
Grâce à l’augmentation de la fréquentation de cette exposition, le centre Pompidou-Metz a décidé de prolonger l’évènement. Le musée garde ainsi sa place dans l’art moderne avec plus de 60 000 œuvres et en conséquent en possédant la première collection d’art moderne en Europe.
Ce succès s’explique par l’attrait du public français et étranger pour les grandes expositions temporaires. On peut également évoquer l’hypothèse d’un effet indirect de la crise, avec des individus qui partent moins en vacances et se recentrent sur le patrimoine. Une mise en place d’une politique tarifaire avantageuse a peut-être su aussi provoquer ce phénomène, avec 40% des visites gratuites, notamment pour les moins de 26 ans.
En 2013, les grands musées parisiens entendent maintenir leur rang en Europe dans la catégorie des grandes expositions. Déjà programmée aux Etats-Unis et à Londres, une rétrospective consacrée à l’Américain Roy Lichtenstein, maître du Pop-Art, aura lieu, du 3 juillet au 4 novembre 2013 au centre Pompidou. Au musée du Luxembourg, l’exposition « Chagall, entre guerre et paix » présentera une centaine d’œuvres de l’artiste. Entre 2009 et 2010, le nombre de visiteurs des 15 musées de la Ville de Paris a augmenté de 33%. C’est surtout l’augmentation des expositions temporaires (+42,6%) devant les expositions permanentes qui ont baissé de -9,8% qui explique cette hausse de fréquentation. Les expositions temporaires ont donc fait leurs preuves et nous promettent une toute aussi bonne fréquentation en 2013, au vue des artistes présentés qui savent susciter l’intérêt d’un large public. 
MATISSE, MARGUERITE AU CHAT NOIR (1910), DANS LA COLLECTION DU CENTRE POMPIDOU
"LIGHTHOUSE HILL" DE EDWARD HOPPER, 1927
Kunstmuseum Basel / Christ & Gantenbein
LE "SAINT-ANNE" DE LEONARDO DA VINCI, AVANT ET APRES RESTAURATION. 
(LOUVRE).
DETAIL
PICASSO PARADE 
PICASSO PARADE, DETAIL 
Le musée s’inscrit de nos jours dans une volonté de diffuser la culture à tous, et surtout aux individus qui n’ont pas l’habitude d’aller au musée. L’institution est ainsi désacralisée et n’est plus réservée à une élite, représentée par des individus le plus souvent au niveau de diplôme élevé.
Cependant, malgré des politiques de démocratisations culturelles qui connaissent un échec, on note l’émergence de moyens totalement nouveaux et propres à notre siècle, comme le numérique par exemple. La « question du public » va dont être amenée à tenir compte des nouvelles conditions d’accès à l’art liées au domaine numérique mais aussi de l’état des inégalités aujourd’hui dans la société française. 
II/ APPROCHE ECONOMIQUE DES MUSEES

 A/ UNE EVOLUTION AU SEIN MEME DE L'INSTITUTION
Aujourd’hui, les musées subissent dans leur fonctionnement l’influence grandissante de facteurs comme la commercialisation de la culture et s’interrogent sur leurs modalités de fonctionnement. Quels acteurs permettent de financer le musée, et quelle place occupent-ils ? Ce questionnement se place dans de nouvelles politiques culturelles que nous allons expliciter en montrant comment elles modifient et mettent en cause le modèle muséal. 

​​​​​​​
1/ CONTEXTE HISTORIQUE ET NOUVEAU CADRE LEGISLATIF 
Depuis leur création, les musées dépendent majoritairement de financements publics. En nationalisant les collections royales et les biens de l’Eglise et des émigrés, les hommes de la Constitution et de la Convention mettent en application l’idée, déjà présente dans l’esprit des Lumières, que le patrimoine culturel, qui était jusque là réservé à une élite, est la « propriété légitime de la nation et doit servir à son éducation ». Le musée révolutionnaire confère donc à l’Etat un rôle essentiel qui se concrétise par la création de plusieurs établissements : le muséum central des Arts installé au sein de l’ancien Palais du Louvre en 1793, le Muséum d’Histoire naturelle en 1793 et conservatoire des Arts et Métiers en 1794. La création des musées de province dans une quinzaine de villes en 1801, dont les collections sont confortées par des dépôts de l’Etat, concrétise la construction d’un réseau sous contrôle de l’Etat. Cependant, au sein de la politique culturelle de l’Etat, les musées n’ont pas toujours occupé une place de premier rang. Après la deuxième guerre mondiale, la Direction des Musées de France se contente de gérer les musées nationaux et la modestie de ses moyens et la faiblesse de son corps d’inspection sont peu efficaces. La fin des années 1970 (avec la loi de programme sur les musées de juillet 1978) et les années 1980 marquent un réel tournant. La politique nationale des musées s’est caractérisée par des incitations financières qui ont été un facteur essentiel dans la rénovation de grands musées de collectivités locales, comme le Carré d’Art à Nîmes ou le musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice. L’effort de l’Etat, qui a constitué en un soutien financier et des expertises dans la conduite des travaux, a contribué ainsi à un renouveau incontestable du paysage muséal en région. Lyon et Grenoble bénéficient notamment de cette politique des « grands travaux en province » qui est en fait une politique de création, de rénovation, d’extension et de modernisation qui englobe aussi la participation des collectivités locales. Depuis les années 1990, l’Etat français recentre son intervention en faveur des collectivités locales sur quatre domaines : une responsabilité à l’égard des collections, une définition de la filière culturelle, une politique d’équipement, et une action réaffirmée en faveur des publics. Mais l’ordonnance de 1945 ne répond vraiment plus aux missions et aux services qui sont aujourd’hui ceux des musées. C’est pour cela qu’après de nombreuses années de travail, une loi relative aux musées de France a été promulguée le 4 janvier 2002, créant en particulier un label « Musées de France » et des dispositions fiscales nouvelles. Plus concrètement, cette loi répond à quatre principaux objectifs :
- elle redéfinit le rôle et la position du musée face aux attentes de la société
- elle harmonise le statut des musées reconnus par l’Etat
- elle améliore la protection des collections
- elle intègre et approfondit la logique de décentralisation
Ayant éclairci cette nouvelle notion de « Musée de France », nous allons donc voir quelles sont les dispositions fiscales d’un musée aujourd’hui en France. 
CARRE D'ART, NIMES, FRANCE / NORMAN FOSTER
2/ DE QUELLE FAÇON MOBILISER DES FONDS TOUJOURS PLUS IMPORTANTS ET AVEC QUELS PARTENAIRES?

A/ LE FINANCEMENT 

Le statut du musée, mais aussi des choix différents concernant la gestion des collections, des visiteurs et des sources de revenus amènent à une structure de financement des musées diversifiée. Pour les musées publics, qui représentent 60% des musées français, les finances viennent quasi-exclusivement des subventions publiques, provenant soit de l’Etat, soit des collectivités territoriales. Ainsi que dans la majorité des systèmes de comptabilité publique, les bénéfices éventuels effectués par l’établissement ne lui appartiennent pas. Ils retournent donc dans le budget de la collectivité. Le budget de fonctionnement du Louvre-Lens est de 15 millions d’euros par an : 4,5 millions proviennent de recettes propres, 8 millions d’euros de subventions régionales, 1 million d’euros du département et 1 million d’euros des communautés d’agglomération.
Quant aux musées privés, ils dépendent essentiellement des recettes provenant des entrées et des revenus liés à des activités connexes. En effet, environ 20% proviennent des soirées d’entreprises, 10% des restaurants, 15% des libraires et 55% de la billetterie. Cette équation est désormais de plus en plus copiée par les musées publics, qui ne cessent d’ouvrir restaurants, bars, ou librairies. Par exemple, le Centre Pompidou se distingue par ses recettes éditoriales, qui représentent 17% du chiffre d’affaires. Ses activités commerciales et concessions ne sont pas négligeables non plus car elles représentent 15% du chiffre d’affaires. Le château de Versailles, lieu d’expositions d’art, se revendique même comme une véritable entreprise. Il cherche en effet des partenaires pour augmenter ses revenus, avec des enseignes de restauration comme Ladurée ou la location d’espaces notamment pour des tournages. Ces sortes d’ « appât culturels » que représentent les boutiques, bars ou restaurants profitent donc d’une forte médiatisation et attirent les foules vers les boutiques, tout en faisant partie intégrante du musée. Cette augmentation de l’apparition d’espaces commerciaux dans le musée va aussi modifier l’organigramme du musée. L’institution va en effet leur accorder plus de place, ce qui signifie aussi plus de budget. Le muséum de Lyon, ou musée des Confluences, vit actuellement une profonde mutation dans un contexte de modernisation et prévoit le recrutement de 9 personnes pour développer les activités touristiques, la location d’espace, la réalisation de publications et les liens avec l’association des amis du musée. Plus généralement, avec la création d’emplois et les résultats d’un rapport de la Cour des comptes, on peut voir que ces nouvelles fonctions se montrent très rentables. Par exemple, en prenant compte de la location de l’espace pour des soirées privées, des séminaires ou défilés, on remarque que sur une base de données communiquées par 187 musées, 37% d’entre eux ont privatisé leur espace en 2010, pour un total de 3 382 évènements, soit une hausse de leurs recettes représentant entre 6% et 29%. Par exemple, le musée des Beaux-arts de Rouen a privatisé 184 fois ses espaces. 


B/ LE COÛT ET BUDGET DE FONCTIONNEMENT 

Les musées, considérés comme des entreprises du secteur des services, possèdent une structure des coûts qui leur sont propres. Cette particularité s’explique souvent par l’importance des bâtiments, avec des coûts de construction qui augmentent généralement au fil du temps. Par exemple, d’abord évaluée à 127 millions d’euros, la construction du Louvre-Lens a couté 150 millions d’euros, financés principalement par la région Nord-Pas-de-Calais, par les fonds européens (FEDER*) puis par les communautés d’agglomération de Lens-Liévin et Hénin-Carvin et le département. L’Etat représente ici 4% du financement, comme on peut le voir sur le graphique circulaire ci-dessous. 

Cette spécificité des musées dans la structure des coûts s’explique aussi par de larges collections, des dépenses d’assurance, de sécurité et de personnel qui représentent des coûts fixes* importants. Au contraire, le coût marginal* d’un visiteur supplémentaire est proche de zéro, sauf phénomènes de congestion*, (par exemple autour d’œuvres réputés comme la Joconde de Léonard de Vinci au Louvre) où à des expositions temporaires très populaires. L’espace physique disponible est alors saturé. Selon une enquête empirique sur le sujet, il existe des économies d’échelle* en dessous du seuil d’à peu près 100 000 visiteurs par an, le coût moyen n’augmentant qu’au-delà de ce nombre de visiteurs annuels.

De plus, nous pouvons dire ici que le musée subit la loi de Baumol*, autrement dit la loi de la fatalité des coûts croissants. En effet, le coût d’entretien et de conservation de leur patrimoine augmente à la vitesse du salaire d’une main d’œuvre qualifiée. Sauf quand on assiste à la construction de nouveaux bâtiments. A ce moment là, le problème est compensé par des gains de productivité liés à la réduction des emplois peu qualifiés (surveillance par des caméras par exemple), à la diffusion d’images des collections en ligne, au recours aux bénévoles et au développement de produits dérivés fondés sur les expositions ou les œuvres les plus connues. 
Malgré tout, dans certains cas, les budgets alloués ne prennent pas en compte la nécessité de faire des provisions pour faire des travaux importants ou construire de nouveaux bâtiments (notion d’amortissement comptable*), et sous-estiment le plus souvent le coût d’entretien des bâtiments qui sont audacieux du point de vue architectural, ainsi que le coût réel de l’organisation des expositions temporaires (parfois financées aux dépens des activités pourtant importantes de conservation et de recherche). Pour illustrer l’exemple de ces « erreurs de sous-évaluation », nous allons nous pencher sur l’exemple du musée des Confluences qui est actuellement en construction à Lyon. Sa construction a non seulement pris 5 ans de retard, mais son coût n’a aussi cessé d’augmenter ; le budget global initial était estimé à 61 millions d’euros en 2000 et est passé à 267 millions d’euros en 2011, il a donc été multiplié par plus de 4. 

Par conséquent, ces « erreurs de sous-évaluation » ont fait l’objet de vives critiques, notamment par les élus d’opposition, socialistes. Ils ont également dénoncé le futur coût de fonctionnement qu’ils estiment à 30 millions d’euros par an, soit « 10% de l’investissement » au lieu des 20 millions prévus. Malgré tout, certains espoirs sont toujours présents. Jean-Jacques Pignard, vice-président à la culture, leur répond : « nous réorganisons notre pôle muséographique pour mutualiser nos ressources et nous aurons aussi des recettes nouvelles de billetterie, de mécénat et de l’accueil/événementiel ». Selon lui, cette nouvelle configuration pourra permettre de respecter l’objectif initial des 20 millions d’euros pour le budget de fonctionnement. 


C/ LE MÉCÉNAT

Le mécénat, qui désigne le fait d’aider et de promouvoir des arts par des commandes ou des aides financières privées, est un phénomène qui se développe actuellement en France. Il était évoqué dans la loi de 2001, qui proposait ce projet de renouveau dans les ressources de financement des musées, puis complété dans la loi de 2003, qui propose entre autres 60% de réduction d’impôt pour les entreprises comme pour les particuliers, ce qui représente presque un doublement de l’aide fiscale pour le mécénat d’entreprise. Car le gouvernement veut encourager et développer le mécénat. Tout d’abord, par l’action de l’ancien ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, et puis par la création d’une « mission mécénat ». L’Etat incite clairement la société civile (donateurs privés et entreprises) à s’impliquer dans la vie des institutions publiques, et les institutions publiques à s’ouvrir sur les financements privés. Cette loi permet aussi aux mécènes d’utiliser le musée comme biais de communication. Ainsi, le joaillier Van Cleef & Arpels a fait l’objet d’une rétrospective au Musée des arts décoratifs de Paris et la luxueuse marque Louis Vuitton au musée Carnavalet.

Parallèlement, le Louvre, à l’aide de campagne de publicité, appellent les particuliers à contribuer à l’acquisition d’œuvres. Les particuliers peuvent faire des dons mais ont également la possibilité de soutenir le musée en adhérant à des programmes annuels de mécénat. Après une campagne mettant en scène un tableau convoité par le Louvre, « Les Trois Grâces » de Lucas Granach, l’institution a en effet pu l’acquérir. Cette acquisition, qui a représenté 5 millions d’euros et qui a donc été financé en partie par le mécénat, représente une nouvelle œuvre forte et notoire pour le Louvre. Il se pourvoie ainsi d’une des plus belles œuvres du peintre allemand, l’un des plus illustres de la Renaissance. De plus, cette pièce rare peinte sur un petit panneau de bois a été parfaitement conservée. Ces trois nus féminins d’une très grande finesse représentent un sujet célèbre de l’Antiquité, qui a donné lieu à de nombreuses variations mythologiques. Ici, Lucas Cranach l’Ancien propose une version très personnelle et volontairement ironique en se situant entre le réalisme des peintres du Nord et un imaginaire plus doux venant de la peinture italienne. Ce sont ainsi les dons de 7 200 particuliers et d’une dizaine d’entreprises (récoltés en 1 mois seulement !) qui ont permis cette acquisition exceptionnelle, fin 2010. Aujourd’hui, « Les Trois Grâces » sont devenues, aux côtés de la Joconde et de la Victoire de Samothrace, une des icônes du musée.
Au Louvre, le mécénat a connu ses premiers effets dits « spectaculaires » en 2004. Henri Loyrette, président du Louvre, témoigne que la loi est en effet positive : « Grâce à cette disposition, nous disposons enfin d’un outil efficace pour enrichir les collections nationales […] Les toutes récentes acquisitions faites par le biais du mécénat d’entreprises […] représentent l’équivalent de nos crédits d’acquisition pour une année entière : 5 millions d’euros ».

En région, même si peu de musées ont les moyens et la notoriété suffisante pour pratiquer le mécénat, certains musées le peuvent, comme le Musée Unterlinden de Colmar, car ce sont des musées qui sont ancrés dans leurs territoires et dans l’histoire de leur région. En effet, le musée Unterlinden, situé dans un ancien cloître médiéval du 13e siècle,  accueille près de 200 000 visiteurs par an et est à ce titre le deuxième musée le plus visité de France en province. C’est un musée très connu pour posséder l’impressionnant retable d’Issenheim et pour sa collection d’œuvres du 12e au 16e siècle. 
Ce retable d’Issenheim est en effet la pièce phare du musée de par sa vision saisissante qu’il offre des tentations de Saint-Antoine, rappelant les visions hallucinées de Jérôme Bosch, et de par sa représentation, sur certains des panneaux, des malades de l’ergot de seigle, reconnaissables à leur peau criblé de petites plaies. L’ordre des Antonins, installé à Issenheim, avait en effet pour vocation de soigner ces malades du « feu sacré ». Mais le musée Unterlinden est aussi un haut lieu de l’art rhénan, abritant d’autres œuvres remarquables, comme celles de Hans Holbein l’Ancien, de Martin Schongauer ou encore La mélancolie de Lucas Cranach l’Ancien.
Le mécénat a représenté 15% dans la création de l’extension de ce musée, chiffrée à 24,5 millions d’euros. Le musée a crée son cercle des mécènes en 2007, qui permet aux entreprises locales d’y être majoritaires, mais aussi aux grandes entreprises de se joindre à elles dans le cadre de projets ponctuels. De plus, les mécènes peuvent choisir les projets dans lesquels ils veulent investir. Les motivations des entreprises sont variées mais on peut retenir la fierté de contribuer à un tel musée et l’idée de favoriser le développement territorial.
Ce financement privé que représente le mécénat permet donc d’alléger le coût de financement et de soutenir les projets d’un musée. Mais si les liens avec les entreprises sont intéressants à mettre en place et peuvent permettre de réaliser de beaux projets, comme on le voit au musée Unterlinden, il ne faut cependant pas attendre, à terme, que les financements privés se substituent aux financements publics. On constate que les institutions québécoises, qui n’ont plus du tout recours au financement publique, peinent aujourd’hui à trouver leurs financements et s’inquiètent pour leur avenir. 
Les musées se sont donc pour la plupart améliorés au niveau de leurs recettes, s’imposant aujourd’hui comme de véritables institutions économiques. Cependant, certains agents, qui espèrent  de grandes réussites en s’inspirant de l’étranger, se retrouvent dépassés par les coûts liés à la construction  et au fonctionnement du musée. Ainsi, le musée doit trouver un équilibre économique et modérer ses attentes pour pouvoir correctement assurer  sa gestion. 
B/ LES MUSÉES DANS LES VILLES À TRADITION CULTURELLE

Certaines villes possédant déjà une identité culturelle décident de se servir d’une institution muséale pour renforcer leur compétitivité au niveau international. Ces villes sont appelées villes de « tradition culturelle » et, même si elles restent des références mondiales (en 2010, elles représentaient 55% des expositions visitées à elles seules), les villes à tradition culturelle ont besoin de renforcer et de valoriser leur identité pour rester compétitives. 
1/ UNE VOLONTÉ DE MODERNISATION ET DE DÉVELOPPEMENT DE L'ACCESSIBILITÉ
Ces villes à fort caractère touristique et culturel décident de créer un musée dans un contexte d’innovation, de développement urbain et donc de modernité car les exigences liées au musées évoluent. Ce mouvement, qui n’est pas propre à la France, revêt de multiples aspects.
Les musées se voient contraints de se « rénover » et de se « moderniser » non seulement dans un élan de mise en valeur de tout ce qui touche à l’art, mais aussi dans un souci d’insertion dans une certaine norme nationale, et même internationale à laquelle les musées devraient se conformer. Il s’agit d’offrir aux visiteurs, chercheurs, étudiants, ou
encore enfants les conditions d’accès et de visite optimales. Cette régulation des normes est facilitée par le développement de l’informatisation et la diffusion des logiciels spécifiques, par la multiplication des échanges (colloques, congrès), la circulation des œuvres et des expositions et aussi par toute une série d’initiatives mises en places par la profession. 
Prenons l’exemple de la cité des Sciences et de l’Industrie de Paris, que l’on peut considérer comme un musée scientifique puisque cette institution est spécialisée dans la diffusion de la culture scientifique et technique. Cet exemple à sa place ici grâce à son emplacement, dans le XIXe arrondissement de Paris, et à ses politiques de développement auxquelles nous allons nous intéresser. 
Tout d’abord, nous allons dresser le portrait de Paris, capitale de la France mais surtout, capitale culturelle : L’offre culturelle de la ville de Paris, parfois vue comme une « ville musée », est l’un des principaux piliers de l’activité touristique de la capitale. Selon une enquête réalisée par MKG Qualiting sur les dépenses des touristes européens à Paris pour l’Office du tourisme de Paris, l’offre culturelle de la capitale est la première motivation des visiteurs de loisirs qui ont choisi Paris pour destination. En effet, la visite de musées et de monuments est à l’origine des décisions d’un séjour à Paris pour 65% des touristes européens. Et en ce qui concerne les musées, ils sont au nombre de six sur les 10 premiers sites culturels parisiens visités. Dans cette élite et parmi des institutions notoires, comme le musée du Louvre avec 8,3 millions de visiteurs en 2010, se place la Cité des Sciences et de l’Industrie en septième place avec 2 867 000 visiteurs en 2010. Enfin, pour avoir une vision plus globale de notre capitale, il faut noter que le Musée du Louvre se situe en tête du palmarès mondial des musées en nombre de visiteurs, publié chaque année par The Art Newspaper. Le centre Pompidou est à la 6e place et le musée d’Orsay à la 10e place.
La cité des Sciences et de l’Industrie à Paris, suivant la volonté de rester à la pointe de l’innovation, s’est engagé un processus de rénovation conforme aux exigences des visiteurs. Déjà à l’origine de sa création en 1986, il s’agissait, pour les concepteurs de la Cité et pour ceux qui soutenait le projet (comme le président Valéry Giscard d’Estaing), de penser un équipement neuf, tourné vers l’avenir et capable de redonner à la France l’image d’un pays à la pointe de l’innovation et du progrès. Plus récemment et selon la réforme réglementaire de l’établissement du 24 février 2006, elle a en effet remanié complètement les espaces d’exposition pour constituer une nouvelle approche du musée, en créant notamment une vaste Galerie et un Observatoire des Innovations. Parallèlement à ces changements muséographiques considérables, la Cité des sciences a voulu rénover ses espaces les plus fréquentés. Il s’agie du planétarium, de la Cité des enfants et des structures d’accueil qui méritent d’être mieux adaptées aux demandes des publics et le site Internet de la Cité qui nécessite une présentation plus cohérente pour les visiteurs. Au-delà de ces aspects, et c’est cela qui rend l’exemple de la Cité des Sciences et de l’Industrie intéressant, c’est par son implication dans les grands débats scientifiques que la Cité des Sciences et de l’Industrie souhaite se maintenir à la pointe de l’actualité culturelle. Elle sait produire des contenus éditoriaux multimédia disponibles dans l’espace de la cité et elle diffuse des expositions exportables sur DVD. Cette réforme montre bien la volonté qu’a l’institution face aux mutations en cours : son champ d’action s’est étendu aux enjeux et à l’évolution de la société.
On assiste en fait à la fois à une véritable mutation dans la façon dont les musées doivent mettre en œuvre leur mission de service public mais aussi à une extension de cette mission vis- à-vis du public. A cela s’ajoutent d’autres éléments induits par le changement d’échelle dans la fréquentation des musées et l’accroissement de leurs horaires d’ouverture (le musée d’Orsay est ouvert jusqu’à 21h45 tous les jeudis et organise souvent des nocturnes). La multiplication des expositions et autres manifestations complexifie de même le fonctionnement des établissements. L’établissement de la cité des Sciences et de l’Industrie se caractérise par la variété et l’abondance de ses offres. Cette spécificité faisait partie intégrante du projet initial de Maurice Lévy, pour qui la Cité devait avoir d’autres fonctions que la simple présentation de collections.  Elle est à la fois un musée, un centre de ressources et de conférences, et un lieu de spectacles et d’évènements. Elle dispose notamment d’une médiathèque (qui a été visitée par 760 000 personnes en 2006), une librairie boutique et un guichet de La Poste. A la cité des Sciences et de l’Industrie, le chiffre d’affaires de ses concessions atteint 42% des recettes totales. Avec la création de 25000 mètres carrés dédiés à des «lieux de consommation culturelle » comme la Fnac ou Virgin, les espaces commerciaux vont s’amplifier. « Nous souhaitons créer un centre commercial dans le même esprit que ce qui a été fait sous la pyramide du Louvre » explique Frédérica Gérard, ce qui montre bien la volonté de rester compétitif sur une ville de tradition culturelle telle que Paris.
Ainsi, le musée possède de plus en plus de fonctions qui sont de plus en plus diverses. Ces nouvelles tâches mobilisent de nouveaux savoir-faire qui exigent beaucoup du personnel en place en même temps qu’elles interpellent les modes de gestion. 
En effet, des questions financières font irruption. L’adaptation des musées à ce nouveau mode de fonctionnement implique la mobilisation de moyens financiers non négligeables, et ce dans un contexte économique difficile. On assiste, comme nous l’avons vu précédemment, à un développement d’activités marchandes qui impliquent suivi et gestion. A noter que les questions d’emploi et de qualification des personnels sont au centre de cette « modernisation du service public » avec pour objectif l’amélioration de sa qualité et de son efficacité. La création d’une charte des musées de France a donc accompagné et soutenu ce développement : En France, au départ, les 34 musées nationaux, simples services extérieurs de l’Etat, étaient gérés directement et totalement par la DMF, la Direction des Musées de France. Mais l’ « explosion » des musées a rendu, selon plusieurs responsables, la situation « ingérable ». En fait, c’est à l’occasion de l’ouverture du musée d’Orsay que s’engage la réflexion sur la nature et les conditions d’une modification des méthodes de gestion, rendant les « grands » musées plus autonomes. En 1989 et 1990, les circulaires Rocard sur le « renouveau du service public » permettent de réfléchir aux différents stades de la modernisation des musées. De plus, la Direction des Musées de France élabore en quelque sorte la « charte » des musées de France dans un contexte de généralisation des musées. L’élaboration de ce qui est appelé un « projet culturel » par la DMF semble bien correspondre à trois objectifs : le premier est de donner une visibilité aux nouvelles missions des musées, le second, qui est indissociable du premier, est de construire un collectif de travail au sein de l’établissement, en rendant visible la complémentarité des rôles et en induisant des changements de comportements des personnels. Le troisième est de mieux inscrire le musée dans son environnement car ce travail d’élaboration des objectifs ne peut se faire sans tisser des contacts organisé avec les quartiers, écoles, associations, élus... 
La modernisation d’un musée est souvent synonyme de « musée spectacle ». Le domaine de l’architecture se développe rapidement et la structure du bâtiment devient elle-même œuvre d’art. Parfois, c’est un réel développement urbain qui est recherché car la construction d’un musée peut stimuler d’autres secteurs économiques, comme nous allons le voir dans une partie suivante. Par exemple, l’architecture contemporaine, les nouvelles techniques de constructions, des réalisations architecturales colossales et impressionnantes vont non seulement stimuler des secteurs comme celui du bâtiment ou de l’informatique (Frank Gehry avait utilisé des logiciels informatiques issus de l’aéronautique pour réaliser les formes extraordinaires du musée Guggenheim de Bilbao) mais permettront aussi de susciter l’intérêt du public, et donc d’attirer des consommateurs.
De par son architecture, la Cité des Sciences et de l’Industrie constitue un lieu original de diffusion de la culture scientifique et technique à tous les publics. Avec ses 250 mètres de long, 150 mètres de large, 50 mètres de haut, son hall monumental et ses 20 000 mètres carrés d’espaces d’expositions permanentes et temporaires, le musée fait plus qu’interpeller un visiteur, il provoque chez lui des sensations de chocs visuels, d’ébahissement, d’admiration, de démesure. Le public qualifie l’édifice de « palais de verre, de béton et d’acier unissant l’espace, l’eau et la lumière ».
Un musée à l’architecture impressionnante est donc un des moyens utilisés par les pouvoirs publics pour résoudre, à l’aide d’une dépense de prestige, des problèmes d’attractivité et de développement économique ou des questions d’aménagement du territoire et de revitalisation urbaine nécessaire à une ville voulant renforcer sa présence culturelle. 

2/ UNE PROMOTION DU PATRIMOINE
La volonté de se spécialiser dans un thème précis ou le choix de se consacrer à un seul artiste va en conséquent attirer des admirateurs, des spécialistes du sujet ou des collectionneurs, qui représentent évidemment des visiteurs et des consommateurs. 

a/ Des thématiques bien définies 
Les musées s’approprient des thématiques parfois complètement neuves, plus attractives, dans l’intention de « dépoussiérer » l’institution du musée mais aussi de promouvoir la métropole par le biais d’un patrimoine. Ces derniers temps, tout semble devoir être exposé dans un musée. Des musées consacrés à un site archéologique ou un écrivain, la chaise ou la dentelle, la Mercedes-Benz, l’immigration... émergent dans nos régions, et principalement dans de petites villes, mais qui ont tout de même une identité culturelle marquée. Pour illustrer nos propos, nous allons utiliser ici des exemples de proximité, se situant en Alsace. 
Notre région tient en effet une place importante au niveau culturelle grâce à la richesse de son patrimoine. Tradition et modernité sont rassemblées dans plus de 250 musées et avec quelques 4 500 évènements culturels recensés chaque année. La Région Alsace soutient notamment la diffusion et l’accès équilibré à la culture sur tout le territoire.
Le musée Lalique, implanté à Wingen-sur-Moder en juillet 2011, est un musée unique en France, consacré au maître du verre et du cristal qu’est René Lalique. L’entreprise Lalique est installée dans ce secteur depuis plus de 85 ans et c’est son unique lieu de production dans le monde. Avec ce nouveau musée moderne, l’Alsace du Nord offre un écrin pour les créations de cet artiste mondialement connu pour son rôle majeur dans l’évolution des Arts Décoratifs. C’est la prestigieuse agence internationale d’architecture Wilmotte qui a conçu ce musée en mettant en valeur l’ensemble des créations grâce à un important travail de scénographie*. Cette agence a notamment opéré le réaménagement du musée d’Orsay, certaines ailes du musée du Louvre, le musée des Beaux-Arts des Nîmes ainsi que celui de Lyon. Le musée Lalique se veut aussi un équipement phare pour le développement touristique et économique du Pays de La Petite Pierre et des Vosges du Nord qui profite d’ailleurs d’un soutien fort du Département du Bas-Rhin et de la Région Alsace. Au final, ce sont 120 000 entrées qui ont été comptabilisées depuis son ouverture. La mise en place d’une « route du verre et du cristal », à travers les sites verriers de l’Est de la France, permettra de renforcer encore plus son attractivité. Pour compléter nos propos, nous allons ici évoquer un sujet non seulement d’actualité mais aussi local, en traitant l’exemple du musée du Bagage à Haguenau. Récemment inauguré en 2011, ce musée se consacre exclusivement à un sujet :  les malles et bagages d’époque. Il expose donc une collection exclusive de pièces rares chinées aux quatre coins du monde par un couple de passionnés. Petit à petit, une équipe d’amateurs et de professionnels de la restauration s’est réunie autour de ce projet et le musée a enregistré plus de 5 500 visiteurs. Ce musée est un bon exemple pour traiter de l’actualité de ce phénomène car son fonctionnement ne suit pas l’exemple classique du musée français. En effet, il ne dispose ni d’aide de l’Etat, ni d’aide de collectivités territoriales. 85% du budget est fourni par le mécène principal, la société Rêves de Bagages, qui gère les ateliers de restauration de luxe dans les mêmes locaux que le musée. Celle-ci a dégagé un chiffre d’affaires de 350 000 euros dont les bénéfices ont été reversés au musée. Cependant, les gérants du musée disposent de l’aide morale et/ou technique de plusieurs mécènes privés, le plus connu étant certainement la famille Vuitton. Madame Danièle Masson Vuitton a en effet apporté une aide précieuse au projet des Haguenoviens : elle a crée une société pour la conservation et la restauration des malles de sa famille et offert 20% des parts à « Rêve de bagages ». Il y a néanmoins aussi de simples bénévoles qui participent et ainsi aident le musée, ce qui donne une dimension plus humaine au projet. Pour imprimer des dépliants ou faire de la communication, un musée classique doit dépenser une partie de son budget. Ici, au Musée du Bagage, les gérants sont totalement libres d’inventer d’autres solutions. Par exemple, le musée du bagage a été prêté à une grande marque pour inviter ses clients de prestiges lors d’une soirée privée. La marque a financé 3 000 dépliants publicitaires ainsi que l’envoi de ceux-
ci. Ces musées thématiques se démarquent ainsi des grandes collections de musées souvent plus important, autant au niveau de la taille, du budget et du fonctionnement. Ils donnent ainsi une dimension plus humaine au musée en étant avant tout gérés par des passionnés et des bénévoles, comme le souligne Jean-Philippe Rolland, gérant du musée du Bagage, en disant « la passion, l’envie est une ressource plus importante et plus efficace à terme [pour faire fonctionner un musée] ». La réussite de ce genre de musées s’exprime par un ambitieux projet de développement du Musée du Bagage de Haguenau. Le musée devrait déménager dans deux ans. Un chef d’entreprise haguenovien a en effet obtenu un permis de construire pour un bâtiment de 2 000m2 alors que l’actuel en fait 400. Sa construction coûtera 600 000 euros et les bagages seront ici mis en valeur par des mises en scènes étudiées. Le projet prévoit également des animations pour les enfants et une salle de restauration. L’aménagement intérieur de ces nouveaux locaux nécessitera un investissement de 400 000 euros. La Région Alsace pourrait subventionner l’opération, via deux dispositifs. Le premier concerne l’utilisation du bois dans la construction du nouveau bâtiment et le second porte sur l’impact touristique et de développement territorial du projet d’aménagement intérieur. 




MUSEE LALIQUE / WILMOTTE 
DESIGN DE LALIQUE POUR ORIENT EXPRESS
b) La valorisation d’un artiste
L’identité culturelle d’une ville ou d’une région peut être revendiquée à juste titre grâce à des musées rendant hommage ou se consacrant à un artiste en particulier. A Strasbourg, le musée Tomi Ungerer, inauguré en 2007, a été crée pour regrouper les œuvres de Tomi Ungerer, artiste internationalement renommé et également originaire de Strasbourg. Il est effectivement considéré comme l’un des plus brillants dessinateurs de sa génération et mène depuis 1957 une carrière internationale dans de nombreux domaines de l’art graphique. La ville de Strasbourg a donc su profiter de cette notoriété en créant une proposition unique et légitime qu’elle était la seule à pouvoir offrir. Strasbourg, 7e ville la plus peuplées de France, comporte une quinzaine de musée et a été classée 4e dans un palmarès des meilleures destinations culturelles. Sa place dans le domaine de la culture est donc déjà bien marquée. La création du musée Tomi Ungerer n’est donc qu’un moyen de renforcer sa compétitivité et de garder sa place active dans le domaine en pleine expansion de la culture. Des affiches publicitaires dans Strasbourg et un arrêt de tramway à son nom ont notamment marqué l’implantation du musée. De plus, la présence de l’artiste est renforcée dans la ville grâce à l’Aqueduc Janus, qui est un don de Tomi Ungerer à la ville de Strasbourg en commémoration des 2 000 ans de vie de la ville. 
Une partie de son œuvre, qui est riche de 30 000 à 40 000 dessins, est maintenant exposée au sein du musée Tomi Ungerer de Strasbourg. La collection provient de plusieurs donations effectuées par l’artiste à sa ville natale depuis 1975 et comprend pas moins de 11 000 dessins originaux, des estampes, un fond documentaire et une bibliothèque. De plus, 6500 jouets et jeux qui proviennent de la collection personnelle de Tomi Ungerer font également partie de cette collection. 
Ce qui fait aussi la richesse de son œuvre, c’est la diversité des moyens d’expressions (affiches, dessins d’enfants, illustrations, bande dessinées) et des styles utilisés. Tomi Ungerer s’est en effet toujours refusé à se laisser enfermer dans une technique ou un genre précis pour mieux préserver la différence et l’originalité de ses idées. Les livres pour enfants de Tomi Ungerer Les Trois Brigands (1) et Jean de la Lune (2) sont connus mondialement et son affiche contre la ségrégation raciale Black Power/White Power (3) est vite devenue une icône. Ses coups de crayons font partie de l’histoire du XXe siècle : il croque la bourgeoisie new yorkaise et propose aussi une réflexion sur la guerre du Vietnam. Son champ d’observation est finalement la société humaine qui lui est contemporaine. Il manie, sous toutes ses formes, l’art de la critique mais sans haine. Cependant il reste cette cruauté et cette vérité dans ces œuvres qui présentent le monde aux enfants, mais aussi finalement aux adultes. Il obtient en 1998 le Prix Hans Christian Andersen, mention illustrateur, soit la plus haute distinction pour un auteur de livres d’enfants. Cependant, on trouve dans une grande partie de ses dessins des références à sa région d’origine, l’Alsace.
Techniquement, il utilise le plus souvent le dessin, qu’il adapte avec une grande mobilité à ses moyens d’expressions. Il aime l’encre de Chine, appliquée à la plume, ou en lavis au pinceau, très fréquemment sur le support d’un papier calque. En contraste avec le fond souvent clair, le trait noir est parfois légèrement relevé d’une touche de couleur. De plus, il donne du volume à la silhouette par un coup de pinceau plus ou moins épais. Il utilise aussi d’autres techniques comme le crayon gras, qui accentue le côté sculptural de certains dessins, comme ceux de Babylon. Autre technique héritée des surréalistes (comme Raoul Hausmann, Hannah Hoch, John Heartfield ou encore Max Ernst), Tomi Ungerer a notamment eu recours au collage. Il associe ses dessins à l’encre de Chine des éléments de photos, photocopies, tissus, broderies ou du papier journal, comme dans les projets publicitaires du New York Times. Ces publicités se doivent d’être mises en valeur par un graphisme simple et direct. La couleur est vive et souvent mise en contraste avec du noir. De plus, une mise en page soigneusement étudiée renforce l’effet de choc visuel : la composition, souvent structurée 
d’après une diagonale, est influencée par le style japonisant du début du siècle qui caractérisait Toulouse Lautrec et les Nabis. L’absurde et l’étrange contribuent de même à avoir une bonne affiche. Son slogan « Expect the Unexpected » (Attendez vous à l’inattendu) est aujourd’hui passé dans l’argot new-yorkais et résume parfaitement son objectif.
Par son sens de l’observation, la sobriété de son trait et son goût de l’absurde et de la dérision, Tomi Ungerer s’inscrit dans la lignée du dessin satirique qui comprend ses prédécesseurs Daumier, Hogarth ou encore Busch. Aujourd’hui, nous trouvons dans son œuvre l’écho de nos préoccupations et sa vision du monde, certes cruelle, reste cependant sans haine. 


MUSEE tomi ungerer, strasbourg 
c) La transmission d’un territoire avec une histoire 
La valorisation du patrimoine se fait aussi ressentir dans un contexte de fierté d’appartenance à un territoire. En effet, on note l’apparition de musées voués à retracer l’histoire de la ville dans laquelle il se trouve. Ce genre de musées prouve la volonté de ne pas oublier le passé mais aussi de le transmettre aux générations futures. De plus, la visite d’un musée tel que ceux-ci va susciter l’intérêt des touristes sur d’autres aspects de la ville qu’ils n’avaient pas pris en compte dans leur visite. Cela va donc peut-être les pousser à découvrir et donc à visiter plus, et donc à consommer plus sur le territoire concerné.
Dans le Nord, le nouveau Musée départemental de Flandre qui a ouvert en octobre 2010 dans la ville de Cassel, ville comportant 14 000 habitants, a réussi à attirer plus de 50 000 visiteurs, venus découvrir cette nouvelle institution consacrée à la mise en lumière de l’identité culturelle de la Flandre. Autre site majeur par son intérêt patrimonial et historique, Fontainebleau a accueilli en 2011 près de 385 000 visiteurs, soit 11% de plus qu’en 2009.  
La découverte d’un territoire, d’un patrimoine par le biais du musée se place aussi dans un contexte de pédagogie et une volonté de transmettre une histoire. Ainsi, l’Historial de la Grande Guerre à Péronne se situe à la 53e place du classement des premiers musées de villes de moins de 20 000 habitants et maintient une tarification accessible et une offre culturelle tournée vers les publics familiaux et scolaires.
On voit donc un lien se créer entre culture, patrimoine, passé historique, et économie. Tout cela confirme l’augmentation de la présence d’un certain sentiment patrimonial sur nos sociétés, concrétisé par les musées, notamment les musées « à thèmes » qui deviennent un bon compromis pour des villes à la présence culturelle déjà bien marquée. 
Salle Otto Dix, Historial de la grande guerre in Péronne
Le musée est une institution ancienne. En effet, le premier musée fut crée à Alexandrie vers 280 av. J.-C. Cependant, ses fonctions et objectifs se modifient en coalition avec l’évolution de la société actuelle. Et même dans des villes à forte notoriété culturelle, le musée se doit de se modifier pour améliorer l’offre et par conséquent augmenter la demande. Ainsi, la modernisation n’est pas qu’un moyen de modifier un site vétuste du à un manque d’entretien ou de nouveauté, c’est aussi une façon d’améliorer l’accessibilité du musée et la rendre plus attrayante. Surmonter ces exigences est non seulement nécessaire pour s’inscrire dans la durée et la qualité de vie des citoyens, mais c’est aussi une condition « sine qua non » pour permettre la création de nouveaux emplois qui apparaissent grâce au développement du secteur tertiaire (et qui doivent remplacer ceux qui ont été définitivement perdus dans l’industrie) et pour capter les investissements qui les rendent possibles.
Une architecture remarquable, des expositions de prestige, des mises en valeur ou découvertes d’artiste ou du patrimoine sont autant de moyens mis en place pour renforcer la compétitivité des musées.
Il faut d’ailleurs noter que ce volontarisme a porté ses fruits au-delà de toute attente car, en plus de la modernisation des musées existants, cette attention nouvelle portée à l’institution a suscité une vague sans précédent de créations, difficile à estimer tant leur nombre augmente encore aujourd’hui de manière exponentielle. Par exemple, vingt ans après sa fondation, la Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris a, en matière de diffusion de la culture scientifique et technique, obtenu des résultats remarquables. Avec ses 3,2 millions de visiteurs en 2005, elle est devenue le 4e musée le plus fréquenté derrière le Louvre, le Centre Pompidou et le château de Versailles. Elle rivalise avec les prestigieuses Science Museum de Londres et le Deutsches Museum de Munich. Avec ses 7 millions de visites annuelles, son site internet s’est imposé comme un vecteur puissant de transmission du savoir en France comme à l’étranger. 
Les agents économiques sont amenés à rechercher, par le biais de l’institution muséale, à créer des effets bénéfiques sur le tissu économique d’un certain territoire. Nous allons maintenant voir quelles sont les particularités de ces impacts économiques en mettant en avant certains musées français aux traits pertinents. 


C/ LES MUSÉES SITUÉS DANS D'ANCIENNES VILLES INDUSTRIELLES

Les musées, lieux du Monde, sont aujourd’hui de plus en plus utilisés dans des politiques urbaines mises en place dans des régions marquées par des paysages détruits par l’industrie et une image peu attrayante. Le musée représente un élément de structuration forte, un pilier du nouvel urbanisme, en accédant au statut de monument. Pour illustrer nos propos, nous allons continuer de prendre l’exemple du Louvre-Lens. Ce musée nous semblait pertinent de par sa dimension symbolique mais aussi grâce à son enjeu économique, et c’est ce que nous allons approfondir ici. Effectivement, l’enjeu de cet aménagement d’envergure est de redynamiser le territoire d’une ville en crise, Lens, et plus globalement d’un territoire entier qui conserve de nombreuses traces de son passer minier. Cette construction s’inscrit dans un phénomène plutôt récent de décentralisation (intégré dans la loi de 2002), consistant à créer des antennes de musée symboliques et avec une identité forte comme ici le Louvre de Paris en province, en transférant des collections du musée.
Ce phénomène, la ville de Metz l’a déjà vécu avec l’implantation du Centre Pompidou en 2010 comme antenne du centre parisien. Depuis, la ville acquis une certaine notoriété. Ce projet abouti va nous permettre de compléter nos propos, en établissant une comparaison entre ces deux institutions et en montrant que le Centre Pompidou de Metz est un exemple pour le Louvre-Lens. 


1/ LES IMPACTS LIÉS AU RENFORCEMENT DE L'ATTRACTIVITÉ DU TERRITOIRE
Dans cette volonté de redynamisation économique, les agents se focalisent sur l’impact économique dit à moyen ou long terme plutôt que sur l’impact économique de court terme. Cette distinction entre « court terme » et « moyen-long terme » fait référence à la période au cours de laquelle le territoire va bénéficier de l’augmentation d’activité générée par l’évènement.
Les impacts à court terme recherchés concerne la stimulation du territoire économique, c’est- a-dire l’injection de ressources d’activités comme les dépenses d’organisateurs et les dépenses des visiteurs.
Quant aux impacts recherchés ici à moyen ou à long terme, ils proviennent essentiellement des bénéfices liés au renforcement de l’attractivité du territoire suite à la médiatisation de l’évènement. En effet, la création d’un musée va stimuler la fréquentation touristique, l’emménagement de nouveaux habitants, de nouvelles entreprises... L’activité découlant de l’exploitation de l’équipement réalisé à l’occasion de la création d’un musée représente donc une stimulation économique non négligeable.
Mais ces impacts de moyen et long terme ne se manifestent pas de manière automatique. Ils ont d’autant plus de chances de se produire que les évènements sont importants et originaux. Aussi, s’ils sont parfois évoqués dans les études économiques, ils sont rarement mesurés du fait de leur difficulté à établir un lien avec l’implantation muséale. On peut néanmoins en distinguer 3 types :

a) Le développement de nouvelles clientèles qui représentent des dépenses initiales et donc des effets secondaires lors de leurs visites et de leurs visites ultérieures. En effet, dès lors qu’un afflux de touristes se dessine par le biais de « produits d’appel »* tels que les nouveaux musées, les retombées économiques pour les commerçants sont certaines. Le futur musée du Louvre-Lens devrait accueillir environ 700 000 visiteurs la première année et plus de 500 000 visiteurs en moyenne par an à partir de 2014, dont un tiers de « locaux », un tiers venant de l’euro-région et un tiers d’étrangers. Ces chiffres correspondent à ceux du centre Pompidou de Metz car il y eu environ 800 000 visiteurs lors de l’année inaugurale en 2010 et le centre a accueilli 552 000 visiteurs en 2011. De plus, le public est à 80% français et à 20% étranger et les Lorrains représentent seulement la moitié du public français, ce qui prouve son rayonnement 
au-delà de cette région. De plus, la ville de Lens favorise vraiment l’accès aux visiteurs étrangers par sa proximité avec les autres pays européens. Elle est à 2 heures en train de la capitale belge, Bruxelles, à 30 minutes en train de Lille, à 1h par autoroute de Calais... Les visiteurs étrangers sont d’autant plus convoités car leur panier moyen est de 241€ par mois contre 150€ par mois, pour la ville de Metz.
Les visiteurs les plus attendus sont les 100 millions d’habitants européens englobés dans un rayon de 350 km autour de la ville. Cette position de « carrefour » économique, logistique et surtout culturel parmi les pays européens était aussi revendiquée lors de la création du centre Pompidou à Metz. En effet, la ville de Metz, située à 253 km de Bruxelles et à équidistance de la ville de Luxembourg, de Sarrebruck en Allemagne et de Nancy, est inscrite dans un bassin démographique transfrontalier de plus de 1 500 000 habitants. De plus, et pour illustrer ces faits, d’après une étude barométrique des publics du centre Pompidou, les visiteurs étrangers proviennent,
dans l’ordre de fréquentation, de Belgique, du Luxembourg et d’Allemagne. Le centre Pompidou-Metz a ouvert au public le 12 mai 2010 et le 4 novembre 2010, il enregistre déjà son 500 000e visiteur, ce qui constitue un succès en terme de fréquentation : c’est trois fois plus que les prévisions. D’autant plus que l’institution a fêté récemment un nouveau record de fréquentation. Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, a même été sollicité pour incarner le 1 500 000e visiteur, le 7 septembre 2012.

b) L’évolution de l’image du territoire grâce au musée. En effet, la notoriété d’une ville ou d’une région s’accroît après l’implantation d’un musée. La zone a plus d’intérêt, elle est perçue comme attractive par bon nombre de personnes (représentant ici des consommateurs) qui sont donc plus enclins à venir visiter le musée. Ce phénomène s’inscrit dans un véritable marketing* territorial engagé par des villes qui cherchent effectivement à établir un capital symbolique distinctif par des monuments phares, appelés « flagships » en anglais. Le musée du Louvre-Lens est d’autant plus un projet haut de gamme, qui fera déplacer le public autant pour son architecture que pour son contenu. Il est en effet une véritable œuvre d’art architecturale crée par l’agence japonaise SANAA, agence qui a remporté le concours international qui avait tout de même reçu 124 réponses d’équipes d’agences d’architecture. De plus, c’est la commission permanente* de la Région Nord-Pas-de-Calais qui a choisi cette architecture facilement accessible, transparente et ouverte sur la nature. 
A Lens, un des principaux enjeux de la construction de l’antenne du Louvre est effectivement une transformation de l’image du territoire. En effet, le musée accompagné d’un parc paysager crée par une paysagiste française se construisent sur un ancien carreau de mine, symbolisant le passé industriel de la région. La ville de Lens est située au cœur du bassin houiller du Nord- Pas-de-Calais qui forme un arc industriel long de 110 km et large de 10-15 km. De plus, depuis la fermeture du dernier puits lensois en 1986, le chômage est de plus en plus élevé : 15% de la population active est au chômage dans cet espace du bassin minier alors qu’il n’est que de 13% dans le département du Pas-de-Calais et en dessous de 10% dans le reste de la France. C’est en effet 350 000 emplois qui ont disparus en quelques décennies. Aussi, les revenus annuels y sont plus faibles qu’ailleurs : 14 000 euros contre 16 000 pour la région Nord-Pas-de-Calais. Enfin, les 10 000 hectares d’emprises minières, 2 500 terrils et 1 000 hectares de friches industrielles complètent l’empreinte du passé minier dans cette région. L’antenne du Louvre, qui a été inaugurée symboliquement le 4 décembre dernier, jour de la Sainte-Barbe, patronne des mineurs, va donc agir comme un tremplin au développement de l’image de cette zone, développement accompagné notamment par le classement en juillet dernier du bassin minier du Pas de Calais au patrimoine mondial de l’Unesco. Parallèlement, 20 millions d’euros ont été engagés pour donner un coup de jeune à la ville : une voirie refaite à neuf, des plantations d’arbres... Ce classement et ce renouveau de la ville valorisant est un signe qui annonce l’intérêt que va susciter cette zone (re)crée par le musée.
Au niveau du centre Pompidou de Metz, malgré le fait que l’évolution de l’image d’un territoire est difficilement mesurable, on peut dire que l’image de la ville de Metz a changé car les visiteurs ont pu découvrir la richesse de son patrimoine, qui était pendant trop longtemps dévalorisé par une terre dévastée par l’effondrement de l’acier. En effet, l’office de tourisme de Metz a enregistré une progression de 63% des demandes d’information. En parallèle, on peut noter cette étonnante « coïncidence » : lors de la construction du parking souterrain du centre Pompidou-Metz, une fouille archéologique a été conduite à proximité de l’amphithéâtre de Metz permettant ainsi la mise à jour de nombreux vestiges datant du 1er siècle, ce qui a su susciter l’intérêt des visiteurs.
Nouvellement élue capitale de la culture 2013, la ville de Marseille mise sur la culture et plus particulièrement sur l’ouverture de musées pour rattraper son retard, combler ses déficiences politiques, sauver les quartiers Nord et mener des politiques sociales. En effet, Marseille est perçue comme une ville avec beaucoup de personnes pauvres et où règne la violence. 29,7% de la population marseillaise était effectivement pauvre en 2010, alors que dans les autres grandes agglomérations françaises, la pauvreté ne touchait que 18,9%. 16% des actifs sont au chômage contre 11,7% de la population active dans les autres agglomérations de plus de 500 000 habitants. Enfin, 21% des jeunes actifs sont sans emploi ce qui prouve le désœuvrement de la jeunesse marseillaise. Une étude de Francis Kramaz fait d’ailleurs le lien entre chômage des jeunes et délinquance. Marseille a donc
choisi de changer de cap au niveau culturel pour remplir des objectifs sensiblement difficiles. Pour cela, plusieurs sont en cours dans la ville. Le Vieux-Port est en chantier, les docks sont réhabilités... Marseille a misé plus sur les constructions ou les rénovations d’infrastructures culturelles que sur la programmation artistique, parce que c’est grâce à celles-ci qu’elle a la possibilité de devenir un pôle d’attractivité. L’autre point fort, c’est la volonté délibérée d’axer cette année 2013 vers le bassin méditerranéen en accueillant nombre d’artistes des pays alentours comme la Tunisie, l’Egypte, l’Algérie ou encore la Syrie. Une agence d’architecture a même entrepris la rénovation d’une ancienne friche industrielle, la manufacture des tabacs, pour la métamorphoser en l’un des pôles culturels les plus actifs de la ville, regroupant plus de 70 structures culturelles. Dans le quartier de la Joliette, d’où l’on a expulsé il y a deux ans des populations roms et où se trouvaient d’anciens hangars industriels, se construit maintenant la nouvelle « skyline » de Marseille, avec des bureaux du quartier d’affaires Euromed, selon Marc Pietri, promoteur immobilier. Au total, ce sont 12 millions de visiteurs attendus dans cette nouvelle ville culturelle. Marseille vise au minimum sur un retour sur investissement comparable à celui de Lille, qui était capitale de la culture en 2004, avec six euros récoltés par l’économie locale pour un euro investi, soit une manne financière estimée à 600 millions d’euros. A Lille, la fréquentation touristique avait augmenté de 10% et le nombre de créations d’emplois, dans le secteur du commerce, de l’hôtellerie et de la restauration a cru de 7%.
Ce phénomène d’amélioration de l’image est aussi observable en ce moment même dans les banlieues industrielles parisiennes. Deux des plus fameux marchands d’art au monde s’y installent et notamment le californien Larry Gagosian qui va exposer dans un entrepôt du Bourget rénové par Jean Nouvel, célèbre architecte français. 
Cette évolution de l’image du territoire se doit donc d’être diffusée pour attirer les visiteurs. C’est ici qu’intervient des campagnes de promotions actives, comme celle intitulée « Le Louvre en Sang et Or » pour le Louvre-Lens, porté par l’image du célèbre Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple. Cette œuvre, une des plus connues du XIX siècle et même de la peinture française dans son ensemble, a été choisie pour être transférée au Louvre-Lens dans le but de dynamiser l’ouverture du musée, en décembre 2012. Cette huile sur toile imposante de 260 cm sur 325 cm du peintre romantique* Delacroix, inspirée de la Révolution Française, est encore aujourd’hui une œuvre très forte symboliquement. On est frappé par la place importante de la femme du peuple, coiffée d’un bonnet phrygien, symbole de la République Française. Cette place est accentuée par la lumière qui semble provenir de l’arrière-plan et par le contre-jour dans lequel la femme semble s’avancer vers le spectateur. Elle brandit le drapeau tricolore qui occupe l’axe médian de la toile. Parallèlement, les couleurs dominantes du tableau sont le bleu, le blanc et le rouge, celles du drapeau français. Du peuple émergent des teintes grises et marron, des couleurs chaudes qui semblent donc dominer les corps des émeutiers, dans lesquels ont aperçoit deux enfants des rue, un homme coiffé d’un haut de forme, provenant surement de la bourgeoisie mais portant le pantalon des ouvriers et un ouvrier portant un béret et sa banderole sur l’épaule. L’artiste Eugène Delacroix se fait ici un véritable témoin de son temps, en représentant «Les trois Glorieuses», c’est-à-dire les trois journées du soulèvement populaire parisien contre Charles X, les 27, 28 et 29 juillet 1830. Il en a même dit : « J’ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n’ai pas vaincu la patrie, au moins peindrai-je pour elle », ce qui témoigne de sa ferveur romantique à traduire les évènements révolutionnaires et de son rejet de l’idéal classique de l’art académique* de son temps. L’image de la République est, dans ce tableau, véhiculé par l’image centrale de la femme, cette figure allégorique qui se mêle aux hommes et participe aux combats, qui rassemble finalement le peuple et la bourgeoisie dans un lyrisme révolutionnaire, portée par la construction pyramidale du tableau. En étant utilisée pour promouvoir l’ouverture du Louvre-Lens, l’œuvre continue d’être un emblème de la peinture française mais aussi de la patrie française, symbole important dans la région minière de Lens, où l’exploitation du charbon générait 1 million d’emplois, et où déjà l’arrivée du Louvre avait été perçue comme un hommage de la nation à tous ce que les miniers appelés « les gueules noires » lui avait apporté. 

2/ LE DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES POTENTIALITÉS DU TERRITOIRE
La présence du musée génère l’apparition de nouvelles filières productives à l’origine de nouvelles activités, et c’est cela qui génère toute la dynamisation économique. Les capacités, les savoir-faire se développent et ici le territoire devient une zone économique attractive. Des activités dites « concentriques », ayant un lien direct avec le musée, se développent de même, comme nous l’avons vu précédemment dans les nouveaux modes de financement du musée. Ainsi, le premier phénomène de stimulation économique provenant de la création d’un musée, l’impact primaire, correspond à un accroissement de l’activité des entreprises locales. A Metz, en dehors de la visite du Centre Pompidou, les activités principales des visiteurs sont à 40% le shopping, à 30% la visite de la Cathédrale de Metz et à 30% la consommation dans les restaurants, cafés et salons de thé. De plus, la Cathédrale de Metz a enregistré une hausse de fréquentation d’environ 50%. 
Il va donc se créer un phénomène de propagation de cette « injection initiale » de ressources dans l’économie locale, du fait des relations économiques entre les agents du territoire (ménages, entreprises et collectivités locales). En effet, les entreprises ayant bénéficié du surplus d’activité vont réinjecter une partie des ressources dans l’économie locale sous la forme de commandes passées à des fournisseurs et de salaires versés aux employés. C’est ce qu’on appelle l’impact secondaire, c’est-à-dire quand des entreprises génèrent l’activité d’autres entreprises et ainsi de suite... Par exemple, Euralens, le projet d’aménagement du Louvre-Lens crée dans le cadre du Schéma Régional de Développement Economique (SRDE) - qui fait d’ailleurs référence à Euralille, projet qui a porté le développement de Lille, la capitale du Nord, compte agir sur le tissu économique par plusieurs moyens. Des parkings, des aménagements paysagers, des routes et même 145 logements pour 2020 e 247 à plus long termes à Liévin, dans la ville voisine, vont apporter un regard neuf sur le bassin minier que les habitants n’avait plus. La mise en place d’un tramway va pouvoir relier les trois communes de Lens, Liévin et Loos-en-Gohelle et enfin la transformation de cité minières en éco quartiers va pouvoir concrétiser cette volonté de transformation spatiale exemplaire qui engendrera sûrement une dynamique de territoire. 

a) Une dynamisation des investissements et du tourisme
A Lens, des bureaux, commerces et nouveaux logements se construisent autour du musée. Par exemple, Bruno Rosik, à la tête de l’association des commerçants, a ouvert un nouvel établissement et un centre de séminaire de 300 places. De plus, 64 projets économiques et urbains devraient voir le jour selon Bernard Masset, délégué général d’Euralens.
Concernant le secteur touristique, l’offre touristique de Lens était auparavant décrite comme médiocre. La ville ne comptait effectivement que trois établissements. Le secteur touristique, qui représente un enjeu économique, était donc à pourvoir pour arriver à soutenir un projet muséal d’une telle ampleur. C’est pour cela qu’on observe l’implantation d’un hôtel trois- étoiles face à la gare, et un hôtel quatre-étoiles devrait voir le jour près du musée. De plus, le développement du tourisme va profiter à un vaste territoire. Concernant le centre Pompidou de Metz, l’hôtel Novotel a noté une augmentation de la demande mais aussi une modification de la clientèle. D’après Pascal Chauveau, directeur de l’hôtel, avant la construction du musée, l’hôtel enregistrait 90% de clients venant pour les affaires et 10% seulement pour les loisirs. Après la construction du centre Pompidou-Metz, la clientèle propre aux loisirs est passée à 40%, faisant passer la clientèle venant pour affaires à 60%. De plus, les communes situées à une soixantaine de kilomètres, par delà les frontières de la Moselle, récupèrent aujourd’hui les fruits de l’implantation du centre à Metz pour leurs propres infrastructures.
Enfin, les premiers résultats sont déjà visibles pour Lens : des tours opérateurs américains ont inscrit cette destination à leur catalogue. 

b) Un développement des domaines d’excellence et innovants
Les maires des environs de Lens ont décidé de lancer une multitude de projets : pôles d’excellence* dans le numérique, la logistique, les énergies renouvelables, l’éco construction, centres de formation dédié aux métiers d’arts, rénovation des cités minières, liaison rapide avec Lille ...).
En ce qui concerne l’économie du sport, l’implantation du musée, aussi bien à Lens qu’à Metz, complète un territoire de lieux de loisirs qui permettront d’attirer des touristes et de diffuser leurs visites vers des installations comme le Racing Club à Lens ou l’Arsenal à Metz.
L’emploi local est lui aussi stimulé par ce développement résultant de la construction du musée, notamment par l’activité des entreprises du BTP* pendant les travaux du musée (environ 250 emplois ont été crées concernant le BTP à Lens) mais aussi directement ou indirectement par chaque entreprise de la région à compter de l’ouverture du musée. Ainsi, d’après Gilbert Rolos, maire (PC) de Sallaumines et président de la mission du bassin minier, « le Louvre-Lens devrait générer un millier d’emplois directs* ou induits* ». Avec l’ouverture du musée, des emplois crées directement par le Louvre-Lens pour son propre fonctionnement concernent l’accueil, les visites, la surveillance des salles, la gestion technique, la restauration en interne, les ateliers pédagogiques, les spectacles associés, les activités de l’auditorium, le fonctionnement, l’entretien et l’animation du parc du musée. 
Ensuite, les emplois indirects correspondent plutôt aux activités d’entreprises extérieures, sous-traitantes ou fournisseuses du Louvre-Lens.
Avec un potentiel d’environ 900 emplois, le Louvre-Lens présente donc un impact assez important. 
Les filières concernant les métiers d’art, de restauration des œuvres d’arts, de l’animation et de la médiation culturelle attendent aussi beaucoup en termes d’emploi. Les talents sont donc mobilisés dans des lieux de compétences telles que l’école de métiers d’art d’Arras, l’école des Beaux Arts, ou les universités comme celles de Lille, notamment l’université de l’Artois. Valencienne est aussi concernée avec ses pôles de spécialisation (image, numérique, nouveaux médias...) En amont, pour sensibiliser la jeunesse et contribuer à l’amélioration générale du niveau éducatif, l’ouverture d’une option Histoire des Arts au Lycée Condorcet de Lens a été crée, offrant ainsi à des élèves la possibilité de recevoir une formation inédite.
Ces objectifs de développement de l’attractivité du territoire de Lens sont soutenus par 60 adhérents, qu’ils soient politiques (la région Nord-Pas-de-Calais, le département du Pas-de- Calais, deux communautés d’agglomérations et plusieurs communes), culturels, économiques (le musée du Louvre, la SNCF, les chambres de commerce et de l’industrie, université d’Artois...) ou associatifs (le Bassin Minier Uni, le Racing Club de Lens...). L’objectif ultime de la stratégie d’Euralens est donc de conforter le rayonnement et le dynamisme d’une grande agglomération et d’améliorer le bien-être de la population. C’est dans ce cadre que sera réalisé le diagnostic socio-économique du territoire du Louvre-Lens pour mesurer les différents impacts que nous venons de voir. Il sera accompagné d’un suivi annuel d’indicateurs synthétiques durant une période de cinq ans, date à laquelle sera dressé un nouvel état des lieux. Ces motivations sont bien sûr inspirées du succès de l’implantation du centre Pompidou à Metz, qui a enregistré 70 millions d’euros de retombées économiques directes (nuitées hôtelières, restauration...). Elle a aussi entraîné la création d’une cinquantaine d’emplois directs. 


Le musée est donc une pièce maîtresse d’un « urbanisme culturel », politique menée par des agents ayant une réelle volonté de modifier un territoire. Cette modification passe aussi bien par l’image que les individus ont de ce territoire et celle qu’ils véhiculent que par des agents économiques désirant créer un pôle économique, qui engloberait aussi les caractéristiques d’un pôle culturel et donc social. Aujourd’hui, l’offre culturelle semble donc bel et bien être un facteur incontournable de développement et d’attractivité. C'est le plus grand musée du monde dans une des villes les plus pauvres de France, résume le maire PS, Guy Delcourt. «Lens mourait, elle peut revivre.» «Cette implantation, au cœur d'une ancienne cité ouvrière, est un miracle», conclut Daniel Percheron, président du Conseil Régional. 
LOUVRE LENS / SANAA 
TIANjin ecocity proposal / steven holl 
Museum of Ocean and Surf / Steven Holl Architects + Solange Fabiao
Steven Holl . Nelson-Atkins Museum of Art Kansas City
Steven Holl Architects Unveil Proposal for Shenzhen Art Museum and Library / Steven Holl Architects
new museum of contemporary art / sanaa 
clyfford still museum / allied works
DE YOUNG MUSEUM / HERZOG & DE MEURON
kolumba museum cologne / peter zumthor
maxxi roma / zaha hadid
arp museum RICHARD MEIER
OCT Shenzhen Clubhouse / RICHARD MEIER

barcelona museum of contemporary art / richard meier
ARA PRACIS / RICHARD MEIER
ARA PRACIS / RICHARD MEIER
ARA PRACIS / RICHARD MEIER
high museum of art / richard meier
Site Museum of Paracas Culture / Barclay & Crousse

Deux instruments sont le plus souvent utilisés pour évaluer le succès des musées : le nombre total de visiteurs et le rapport entre le nombre de visites et la population totale. Selon ces outils, l’audience des musées a considérablement augmenté depuis les années 1970 dans les pays développés. Ainsi, les musées nationaux français ont accueilli 14 millions de visiteurs, dont 10 millions de visiteurs payants en 2000. Cette augmentation de la fréquentation est à mettre en relation avec une explosion de l’offre, les ouvertures et rénovations de musées s’étant multipliées à partir des années 1980. En Europe, on a assisté à la fois à une augmentation des surfaces d’exposition, à des réorganisations complètes ou même à l’ouverture de nouveaux locaux. En parallèle, on note un développement de la volonté de rendre l’institution plus accessible à tous et donc de la désacraliser. Le musée se fait donc ici lieu de dialogue entre les œuvres et entre les hommes, lieu de rencontres et de conflits et non plus un lieu de culte réservé aux fidèles. C’est bien l’ambition du président directeur du Louvre, Henri Loyrette : « Le musée doit aujourd’hui non seulement recevoir les visiteurs qui y viennent naturellement, mais aussi prendre par la main ceux qui, éloignés des pratiques culturelles, le perçoivent comme lointain, et inaccessible. Il doit se pencher sur le passé, mais aussi susciter la création et le regard contemporains ». Dans le même temps, souligne-t-il, il doit aussi « intégrer les dernières évolutions de la connaissance, s’adapter à l’émergence de nouveaux publics, à l’apparition et à la diffusion de nouvelles technologies ». De plus, les musées agissent aujourd’hui comme des « réparateurs de crise industrielle », terme de l’ancien ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres. En effet, le musée s’inscrit dans de vastes politiques de régénération urbaine qui dynamisent économiquement un territoire mais symbolise aussi une certaine fierté, car il donne la capacité d’écrire une nouvelle page de l’histoire, de la culture et du patrimoine de ce territoire en utilisant notamment des tableaux significatifs et des œuvres d’art admirables. Ainsi, le Centre Pompidou de Metz, construit en 2010 dans le but de susciter l’intérêt aussi bien socialement qu’économiquement, a enregistré 800 000 visiteurs lors de l’année inaugurale et plus de 1 million de visiteurs en 2012 ce qui le propulse en 1ère place des lieux d’expositions temporaires hors île de France. Le Louvre-Lens, antenne du Louvre installée dans une région minière, a ouvert en décembre dernier en suivant l’exemple de ce musée. Une grande souplesse dans le choix des œuvres et un renouvellement régulier des présentations veulent réactiver l’intérêt du public pour l’institution muséale. 700 000 visiteurs sont attendus la première année. Lens doit maintenant concilier l’accessibilité de tout type de public mais aussi son insertion urbaine. Les résultats les plus récents nous montrent que c’est bien parti pour cette ancienne ville minière aux 15% de la population active au chômage : 36 000 visiteurs ont afflué pour le week-end d’ouverture et il y eu plus de 140 000 visiteurs le premier mois. Et malgré le fait qu’une volonté de démocratisation de la culture n’aboutisse pas forcément aux espérances attendues, d’autres modes de diffusion de la culture sont en pleine mutation et connaissent sans cesse des innovations, comme le domaine numérique par exemple, ce qui nous amène à nous questionner sur les évolutions à suivre et qui vont certainement transformer le monde des musées.
art center notthingam / caruso st john 
landesmuseum zurich / caruso st john 

Spazi per la didattica USI caruso st john

Stadtmuseum Rapperswil / JONA ET  mlzd

PRIVATE COLLECTION MJNICH / HERZOG & DE MEURON
Allmannajuvet Zinc Mine Museum
BIBLIOGRAPHIE

Périodiques
Les Inrockuptibles du 9 au 15 janvier 2013, Dossier « La culture peut-elle sauver Marseille ? » pages 30 à 61 L’humanité du mardi 4 décembre, reportage pages 12 et 13
DNA, Dimanche 2 décembre 2012 Page 6 (Culture) « Le Louvre cap au nord » Article de Nathalie Chifflet DNA du samedi 6 octobre 2012 Article d’Elodie BECU page 2
La Croix du mardi 4 décembre 2012 pages 2 et 3 (Evénement) Articles de Sabine Gignoux
Libération du mardi 4 décembre 2012 pages 22-25 (Culture) Articles de Anne-Marie Fèvre et propos de Jean-Jacques Aillagon (Ministre de la Culture de 2002 à 2004) recueillis par Sylvain Bourmeau.
Aujourd’hui en France du mardi 4 décembre 2012 pages 32 et 33 (Loisirs et spectacles) Articles de Yves Jaeglé
Beaux Arts Magazine, CB 50 526 CDI page 177
Beaux Arts Magazine M 01081
Télérama n°2944
Fémina novembre 2012 Dossier évasion, page 70-71
Entretien avec SHIGERU BAN, Beaux Arts M 01081.
BT2 n°66, 2004 « Aller au musée » de Pierette Guibourdenche

Livres
J.Lévy, L’Invention du Monde : une géographie de la mondialisation, 2008
« Sociologie des pratiques culturelles » p.89
Jean Caune, "La politique culturelle initiée par Malraux.", EspacesTemps.net, Travaux, 13.04.2005 Manuel de géographie Hachette Education 1ères S, ES et L, pages 20, 21, 22 et 23.

Sites Internet
http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/politique/democratisation/faciliter.htm http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP883.pdf
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1144 http://www.lepoint.fr/culture/les-grandes-expositions-de-2013-programme-copieux-pour-paris-07-01-2013- 1610238_3.php
http://www.grandpalais.fr/grandformat/hopper-un-art-de-linstantane/ http://www.grandpalais.fr/fr/L_etablissement_public/Actualites_du_Grand_Palais/p-642- Les_coulisses_de_la_viste_virtuelle.htm
http://www.region-alsace.eu/article/une-ambition-culturelle-pour-lalsace http://www.bas-rhin.fr/culture/nos-partenaires/musee-lalique http://www.dna.fr/edition-de-sarre-union/2013/01/17/beau-succes-pour-le-musee-lalique http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/10/08/quand-les-marques-s-exposent-au-musee_1771982_3234.html http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20120906trib000718114/marseille-entre-precarite-et-vieillissement- 5-chiffres-cles-pour-comprendre-les-maux-de-la-ville.html http://www.rmc.fr/editorial/335164/marseille-mise-sur-la-culture-pour-se-forger-une-nouvelle-image/ http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/12/27/97001-20121227FILWWW00355-filippetti-invite-les-plus-demunis-au- musee.php http://www.lavenirdelartois.fr/actualite/Pays_d_Artois/Lensois/Lievin/2012/02/09/article_effets_euralens_cote_lievin.sht ml http://www.lagazettedescommunes.com/77812/querelles-de-chiffres-autour-du-futur-musee-des-confluences-au-conseil- general-du-rhone/ http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/les-chiffres-delirants-du-musee-des-confluences-de-lyon-747892 http://www.lejournaldesarts.fr/jda/archives/docs_article/86483/faire-du-chiffre-.php http://www.lejournaldesarts.fr/jda/archives/docs_article/86485/petites-villes-et-beaux-musees-.php#evitement http://www.tourisme.gouv.fr/stat_etudes/etudes/entreprises/mesure-impact-economique-evenement-touristique.pdf http://www.freres-goncourt.fr/etudesArt/ingresdelac.htm http://www.economie-territoire-ecodevfrance.com/pdf/louvre2rapportfinal0807.pdf
http://www2.culture.gouv.fr/culture/deps/chiffres-cles2011/03-musees-2011.pdf http://www.parisinfo.com/uploads/c8//Fr%C3%A9quentation-culturelle-2010_1.pdf http://www.evous.fr/Le-Top-10-des-musees-les-plus-visites-a-Paris-en-2011,1111303.html http://www.musee-orsay.fr/fr/visite/horaires/horaires-douverture.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tomi_Ungerer http://femmes.fr.msn.com/les-grandes-expositions-dopent-la-fr%C3%A9quentation-des-mus%C3%A9es-parisiens http://www.dailymotion.com/video/xab1i1_visite-au-musee-tomi-ungerer-a-stra_creation http://www.jds.fr/strasbourg/musee-et-collection-d-art/musee-tomi-ungerer-strasbourg-4671_L http://www.ricochet-jeunes.org/magazine-propos/article/193-willer-tomi-ungerer-80ans http://www.metzmetropoledeveloppement.fr/site/projet_demain_3.php http://www.lexpress.fr/culture/art/centre-pompidou-metz-depuis-deux-ans-que-du-bonheur_1194853.html http://www.pasdecalais.fr/Pas-de-Calais-constructeur-d-avenir/L-art-de-relever-les-defis-historiques http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/2011/03/05/Construction-de-Pompidou-en-quelques- images
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Mobile_Art http://fgimello.free.fr/enseignements/metz/institutions_culturelles/bourdieu-musees.htm http://fgimello.free.fr/enseignements/metz/institutions_culturelles/bourdieu-musees.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Palais_(Paris)#Les_Galeries_nationales http://www.easybourse.com/bourse/international/dossier/1495/musees-patrimoine-lexception-francaise.html http://www.googleartproject.com/fr/ http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/politique/democratisation/faciliter.htm http://www.inegalites.fr/spip.php?article1144
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1144 http://www.culture.fr/culture/actualites/politique/democratisation/pratiques.htm http://www.francetv.fr/culturebox/sortie-exceptionnelle-a-lens-pour-la-sainte-anne-de-leonard-127325 http://www.lepoint.fr/culture/parade-l-oeuvre-monumentale-de-picasso-au-centre-pompidou-metz-en-2012-09-11-2011- 1394234_3.php
http://sortie.bestwestern.fr/evenements-PARIS/Nuit-des-musees-722431 http://www.lavoixdunord.fr/culture-loisirs/louvre-lens-un-dispositif-de-securite-renforce-aux-ia984b0n1020535 http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/La-frequentation-des-musees-en-legere-hausse-_NG_-2011-10-19-725201 http://www.centrepompidou.fr/
http://www.vmfpatrimoine.org/fetes-du-patrimoine/journees-du-patrimoine/ http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Tour_de_Babel_(Bruegel) http://www.huffingtonpost.fr/2012/01/31/twitter-france-nombre-utilisateur-compte_n_1244639.html http://www.lepoint.fr/culture/la-nuit-des-musees-s-apprete-a-feter-sa-8eme-edition-19-05-2012-1463015_3.php http://www.museonet2.com/?p=734
http://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_Pompidou-Metz
http://www.louvrelens.fr/
http://www.franceculture.fr/http%3A/%252Fwww.franceculture.fr/emission-pixel-louvre-lens http://meridianes.org/2012/09/29/les-equipements-culturels-et-leurs-retombees-locales-lens-metz-poitiers-auvergne-et- autres-lieux/
http://archives.lesechos.fr/archives/2012/LesEchos/21194-019-ECH.htm
http://www.louvre.fr/soutenez-le-louvre
http://www.louvre.fr/acquisition-des-trois-graces-de-lucas-cranach http://www.parisinfo.com/paris-a-petit-prix/paris-gratuit/la-culture-pour-0-euro/dossier/toute-la-culture-pour-0eur_les- musees-gratuits-le-premier-dimanche-du-mois
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Libert%C3%A9_guidant_le_peuple
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Delacroix http://www.lefigaro.fr/culture/2011/07/01/03004-20110701ARTFIG00417-l-insolent-succes-des-musees-prives.php http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2012/11/30/03015-20121130ARTFIG00275-louvre-lens-attend-l-effet-bilbao.php http://lili.butterfly.free.fr/ingresweb/delacroi.htm http://www.numerama.com/magazine/23212-3-personnes-sur-4-dans-le-monde-ont-acces-a-la-telephonie-mobile.html http://rmn.fr/francais/acheter/applications-mobiles/les-nympheas-de-monet-augmente http://www.multikultura.org.uk/french/u3/fr_u3_main.php?c=3
http://www.peintre-analyse.com/nympheas.htm 
GLOSSAIRE 

TERMES PROPRES A LA PREMIERE PARTIE
Pierre Bourdieu (1930-2002) : sociologue français qui, à la fin de sa vie, devint, par son engagement public, l’un des acteurs principaux de la vie intellectuelle française. Sa pensée a exercé une influence considérable dans les sciences humaines et sociales1, en particulier sur la sociologie française d’après-guerre. Sociologie du dévoilement, elle a fait l’objet de nombreuses critiques, qui lui reprochent en particulier une vision déterministe du social dont il se défendait.
Alain Darbel (1932 - 21 août 1975) : sociologue français et ancien administrateur de l'INSEE. Il s’est intéressé principalement à la sociologie de l’administration. Son nom reste associé à celui de Pierre Bourdieu, avec lequel il a publié une étude sur l’art et la fonction des musées, intitulée L'Amour de l'art. Alain Darbel, en sa qualité de statisticien, fut en particulier chargé de la construction du plan de sondage et de l'élaboration du modèle mathématique qui sous-tend cet ouvrage.
Hashtag : Mot-clef utilisé dans les messages sur le site de microblogging Twitter ; le mot-clef est préfixé par signe dièse (#)
ZEP ou Zone d’Education Prioritaire : Créées en 1981, les ZEP sont des zones dont les établissements scolaires connaissent des problèmes d'ordre scolaires et sociaux et bénéficiant de moyens supplémentaires pour pallier à ces problèmes.
Syndrome de Stendhal : Le syndrome de Stendhal est une maladie psychosomatique qui provoque des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations voire des hallucinations chez certains individus exposés à une surcharge d’œuvres d’art. Ce syndrome, assez rare, fait partie de ce qu’on peut appeler les troubles du voyage ou syndromes du voyageur.
Cimaise : accrochage mural pour tableaux
Néophytes : individus débutants, nouvellement entrés dans un groupe
Instance de socialisation : Groupe social assurant la socialisation de l'individu par de multiples mode se socialisation : primaire enfance, secondaire (adulte) et explicite (rôle officiel), implicite (rôle
indirect).

TERMES PROPRES A LA DEUXIEME PARTIE
FEDERou Fonds Européens de Développement Régional: fonds structurel européen visant à renforcer la cohésion économique et sociale au sein de l’Union européenne en corrigeant les déséquilibres régionaux.
Coût fixe : coût indépendant du niveau d’activité ou des quantités produites dont l’entreprise doit s’acquitter pour assurer son fonctionnement. Exemples : loyer, coûts administratifs...
Coût marginal : il s’agit du supplément de dépenses auquel doit faire face un musée quand entre un visiteur supplémentaire. Comme les principales dépenses (entretien des œuvres et des locaux, surveillance, nettoyage) sont déjà payées, un visiteur supplémentaire n’entraîne qu’un supplément de dépenses minimes.
Congestion : Encombrement rendant la circulation difficile
Loi de Baumol : théorie économique de 1965 formulé par les chercheurs américains William Baumol et William Bowen qui détermine les raisons pour lesquelles les salles de spectacle de Broadway enregistrent une augmentation croissante de leurs coûts d’exploitatione et d’une raréfaction de leur public. Nous comparons ici ces salles de spectacles avec les musées.
Amortissement comptable : étalement du coût d’un investissement d’entreprise sur sa durée d’utilisation.
Scénographie : l'art de l'organisation de l'espace scénique, grâce à la coordination des moyens techniques et artistiques.
Produit d’appel : Produit mis en avant par son distributeur, en raison de ses qualités et/ou de son prix intéressant, et bénéficiant d'une opération de communication. On utilise le produit d'appel dans le but d'attirer le consommateur sur le lieu de vente et dans l'espoir qu'il achètera également d'autres produits dont la marge est plus rémunératrice
Marketing : Ensemble des techniques permettant de faire correspondre l'offre produit d'une entreprise avec les attentes des consommateurs pour optimiser leur vente.
Courant romantique (en peinture) : Courant pictural né à la fin du XVIIIe siècle, opposé au néoclassicisme, privilégiant l'imaginaire, la passion, le monde médiéval et la mythologie nordique
Art académique : la peinture académique (v.1830-1880) est la peinture produite sous l'influence d'une Académie des beaux-arts ou, par extension, sous l'influence d'une institution équivalente organisant le système des Beaux-Arts. L'académisme est caractérisé par un goût très fort pour les thèmes historiques et le goût pour l'orientalisme. La peinture académique emprunte au néoclassicisme de David ou d'Ingres sur le plan thématique, stylistique autant que technique (glacis).
Pôle d’excellence : une combinaison, sur un espace géographique donné, d’universités, d’instituts d’enseignement supérieur, de centres de formation, de fondations, et d’unités de recherche publiques ou privées engagés dans une synergie autour de projets communs au caractère innovant. Ce partenariat s’organise autour d’un domaine/thème spécifique qui s’inscrit dans les axes prioritaires de l’UNESCO, et doit rechercher une masse critique pour permettre une certaine qualité et une visibilité internationale. 
(FR)=MUSEUMS
Published:

Owner

(FR)=MUSEUMS

An essay on museums, approached sociologically, economically and architecturally. 2013.

Published: